Comme un aveu d’échec, un personnage confie : « Nous voulions changer le monde, et c’est le monde qui nous a changés ».
Présentant une critique sociale et politique de l’Italie, Nous nous sommes tant aimés parle de communisme et de libéralisme, de corruption et de consumérisme, des fractures de la gauche, de l’église conservatrice mais aussi du cinéma de l’après-guerre qui a su capter l’évolution de la société italienne.
En arrière-plan, c’est même 30 ans d’histoire du cinéma italien qui sont racontés, du néoréalisme en noir et blanc à la comédie italienne en couleur : d’une liberté de filmer la vraie vie dans son environnement social à une façon plus légère de traiter les soucis quotidiens. On y croise Fellini qui tourne la Strada comme De Sica qui évoque le tournage du Voleur de Bicyclette. Le film est rempli de références cinéphiliques et de trouvailles visuelles, depuis maintes fois copiées (temps suspendu, montage rayé, passage à la couleur, photomaton…).
La musique joue également un rôle important, car elle accompagne les émotions et les souvenirs des personnages, créant des contrastes entre les différentes époques et les différents styles de vie. Elle mélange des morceaux originaux d’Armando Trovajoli et des reprises de chansons populaires, comme Bella ciao, le chant des partisans, ou Arrivederci Roma, le symbole de la ville éternelle.
Au bout de cette comédie douce-amère, se constitue un véritable témoignage de l’identité italienne du 20ème siècle et une satire sociale, évitant ainsi de s’enfermer dans le simple portrait d’une génération.
Un bel équilibre entre humour et mélancolie, mais surtout un beau moment de cinéma.