A l'heure où sort un onzième Halloween, il est temps de faire le bilan d'une franchise qui se répète inlassablement depuis 40 ans. Un zoom sur le choix des producteurs / distributeurs de présenter chaque film sous un titre qui est devenu quasiment une marque autour d'un personnage surnaturel et monomaniaque. Lorsque John Carpenter se lance dans la création d’un thriller sur un tueur de baby-sitter, il n’y a pas vraiment encore de titre. Son producteur Irwin Yablans, qui lui a proposé le concept, pense bien à The babysitter murders, mais c’est surtout un titre de travail qui sera rapidement remplacé : le producteur a l’idée de fixer l’intrigue la nuit du 31 octobre, fête des morts particulièrement populaire chez les étudiants qui en seront la cible privilégiée. Le titre Halloween s’impose donc naturellement et oriente l’écriture du scénario sur une quasi-unité de temps et de lieu après un court et sanglant prologue. C’est ainsi que la saga lancée en 1978 va populariser le slasher. Un genre apparu quatre ans plus tôt avec Black christmas [1]. Déjà un titre qui met en avant un jour de fête. Un genre qui pullulera par la suite avec un grand nombre de copies, dont le plus gros succès proposera lui-aussi un tueur ayant quelques problèmes de famille et qui se manifeste un jour particulier : en 1980, Vendredi 13 imposera Jason et son masque de Hockey. Le film Halloween rendra célèbre, lui, le personnage fantasmagorique de Michael Myers et son masque blanc inexpressif [2]. Une suite sort en 1982 sous le titre Halloween II. C’est une suite directe du premier qui reprend l’intrigue là où le premier film avait laissé son tueur iconique. Mais lorsque le succès appelle un troisième film, John Carpenter qui est toujours au commande du scénario - mais plus de la réalisation - décide d’éviter la redite et d’orienter le film vers une autre intrigue autour d’halloween. Exit donc Michael Myers et sa victime préférée Laurie Strode (jouée par la fille de la Janet Leight de la scène de la douche de Psychose, Jamie Lee Curtis). Le film ne marche pas, reproduisant le type d'erreur qui avait failli enterrer la série La panthère rose : en négligeant l’animal dans son générique et son titre, les producteurs avaient perturbé la promotion de leur suite Quand l’inspecteur s’emmêle (a shot in the dark en vo) avant de revenir après systématiquement à un titre reprenant la fameuse Panthère rose. Halloween III, le sang du sorcier fait l’inverse en promettant la continuité des deux premiers films alors qu’il raconte une histoire sans rapport ... sauf que de parler d’halloween.
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Docteur en Sciences de l'information et de la communication, Laurent Darmon est devenu par cinéphilie un spécialiste de la réception cinématographique et de la sociologie du cinéma.
Il est l'auteur d'une thèse sur "l'itinéraire de l'évaluation d'un film par le spectateur au cinéma", anime des conférences et a été le Président de la Commission Cinécole 2016. Parallèlement, il est en charge du digital dans une grande banque française.
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