Le remake d'Intouchables est sorti ce week-end après 16 mois au purgatoire et beaucoup de raisons d'être septique quant à son succès au regard des critiques et polémiques dont le film était victime. Le verdict est tombé (20 M$ en trois jours) et le public est à nouveau séduit par cette histoire qui avait déjà touché le monde il y a sept ans. Intouchables avait séduit le plus grand nombre pour s'affirmer comme l'un des plus grands succès non anglophones de ces dix dernières années. Mêmes les Etats-Unis avaient été séduits par le film du tandem Eric Toldedano et Olivier Nakache : Sorti en mai 2012, The Intouchables avait été vu par plus d'un million d'américains (10 M$ de recettes). Mais surtout un box-office mondial de 426 M$ grâce à son succès en France évidemment (près de 10 millions de spectateurs pratiquement comme les recordmmen Bienvenue chez les Ch'tis et Titanic) mais aussi partout où il est sorti en Europe (Espagne, Pays-Bas, Italie, Belgique, Suède et surtout Allemagne [1]) et en Asie (Japon et Corée du Sud) A l'image de Bienvenue chez les Ch'tis qui a généré la volonté de quelques producteurs étrangers de faire leurs remakes nationaux, il était donc évident que Intouchables générerait la même envie. Les Italiens ont connu un beau succès avec leur version du film de Dany Boon. Plus de dix ans après sa sortie en France, on attend toujours la version des américains à laquelle était attachée Will Smith qui devait jouer sur le contraste entre la côté Est et le Midwest : le studio Warner a jeté l'éponge en 2015 après le rejet par Dany Boon d'une dernière version du scénario américanisé. En revanche, la mise en production du remake d'Intouchables a été bien plus rapide : Dès mars 2016, cinq après la sortie française, sortait la version indienne avec Oopiri.
La fréquentation 2018 est en baisse de 4% en sauvegardant tout juste la barre des 200 millions de spectateurs. Mais le chiffre d’affaires des exploitants reste stable grâce à l’augmentation du billet moyen (effet 3D et 4D). Un indicateur d’un cinéma qui renforce sa différenciation par le grand spectacle face à un cinéma international montrant chaque année un peu plus sa diversité.
Les années se suivent et semblent se ressembler. Le box-office est toujours dominé par des blockbusters qui se déclinent en série qui a pourtant vu disparaître leur parrain, Stan Lee : on dénombre 10 films dont 7 d’entre eux sont dans le top10 du box-office mondial et même trois aux trois premières places si on y classe Les Indestructibles 2 (du studio Pixar) qui doit tant aux 4 fantastiques de Marvel.
Pourtant à y regarder de plus près, les films de super-héros apportent aussi leur diversité : des films inaugurant de nouveaux héros (les évitables Venom et Aquaman), des films avec un casting 100% minorité (le réussi Black panther), des versions animées (les films d'animation Les indestructibles 2 donc mais aussi Spider-man : new generation et Teen Titans Go), des films interdits aux enfants (le méta Deadpool 2) et des films aux fins atypiques (l'étonnant Avengers : infinity war).
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Docteur en Sciences de l'information et de la communication, Laurent Darmon est devenu par cinéphilie un spécialiste de la réception cinématographique et de la sociologie du cinéma.
Il est l'auteur d'une thèse sur "l'itinéraire de l'évaluation d'un film par le spectateur au cinéma", anime des conférences et a été le Président de la Commission Cinécole 2016. Parallèlement, il est en charge du digital dans une grande banque française.
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