Le dernier film avec Jean Dujardin n'a pas permis à l'acteur de retrouver les sommets du Box-office malgré son genre fédérateur et ses qualités bien au-dessus des comédies concurrentes. On retrouve ici toute la difficulté d'inviter le public à voir un film qu'il devrait aimer, mais qu'il n'a pas envie de voir. La comédie est triomphante au box-office français depuis quelques années. Derrière le cinéma américain triomphant avec des films d'action, on trouve systématiquement une comédie en tête des films les plus vus de l'année : Intouchables en 2011, Sur les pistes du Marsipulami en 2012, Les profs en 2013, Qu'est-ce qu'on a fait au Bon Dieu ? en 2014, Les nouvelles aventures d'Aladin en 2015, Les Tuche 2 en 2016, Raid dingue en 2017. Et 2018 semble parti pour confirmer la règle avec les deux beaux succès des Tuche 3 et Une Ch'tite famille à deux semaines d'intervalle. Chacun finira à près de 6 millions de spectateurs en salles. Pourtant, dans une quasi indifférence, était proposée la dernière comédie de jean Dujardin, Le retour du héros. Cette comédie n'a pas vraiment été victime de la concurrence puisqu'elle est sortie deux semaines après le dernier Tuche et tout autant avant le dernier Dany Boon. On pourrait relever avec 800.000 entrées, on est loin de la catastrophe économique, mais le film valait nettement mieux. Et des vraies comédies grand public réussies, ce n'est pas si fréquent. Les spectateurs ont d'ailleurs salué ses qualités et le film de Laurent Tirard n'a rien à envier aux deux comédies triomphantes de ce début d'année. Loin de là.
La libération sexuelle de la fin des années 60 a touché le cinéma avec une force inouïe au milieu des années 60 avant un reflux conservateur qui a fait de la période 1972-1975 un laboratoire de l'expression des préférences un peu particulier. Zoom sur la décrue à partir de 1976. Le gouvernement de droite de Valéry Giscard d'Estaing avait voulu libéraliser une France trop conservatrice. Le mouvement était devenu incontrôlable et les pressions venaient de tout côté. Dans sa propre majorité, le gouvernement voyait une contestation violente gronder du côté des plus conservateurs. Mais la gauche, dans l'opposition et relayée par sa presse, se montrait aussi très critique envers la politique "culturelle" de la majorité. La décision fut prise à l'été 1975 d'un nouveau texte plus dur et cela se traduisit par un texte intégrée à la loi de finance applicable au 1er janvier 1976. Le décret du 31 octobre 1975 obligea les films pornographiques à être exploités dans des salles spécialisées touchées, à ne plus pouvoir bénéficier du dispositif de soutien financier géré par le CNC et à se voir taxer d'une TVA majorée et d'une taxe spécifique. Les films étrangers avaient une taxation forfaitaire de 300.000€ qui créa paradoxalement une politique protectionniste qui protégea la production X française. Celle-ci représenta 82% de la fréquentation au 1er trimestre 1977 (12% pour les USA). Le cinéma français traditionnel n'était pas aussi bien protégé. Il fallut donc distinguer l'érotisme assimilable au cinéma traditionnel de la pornographie qui relèverait de l'obscène. On s'appuya donc sur la distinction qu'en avaient fait les docteurs Eberhard et Phyllis Kronhausen, les futurs réalisateurs de La foire aux sexes, dans leur livre Pornography and the law (1969) : le réalisme érotique explore la sexualité ; l'obscénité se contente de l'exploiter.
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Docteur en Sciences de l'information et de la communication, Laurent Darmon est devenu par cinéphilie un spécialiste de la réception cinématographique et de la sociologie du cinéma.
Il est l'auteur d'une thèse sur "l'itinéraire de l'évaluation d'un film par le spectateur au cinéma", anime des conférences et a été le Président de la Commission Cinécole 2016. Parallèlement, il est en charge du digital et de l'innovation dans une grande banque française.
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