Comment susciter chez le spectateur de demain, qui seront équipés de la télévision haute-définition, du CD-rom, l'envie de voir un film en salle sinon en lui proposant des images qu'il ne peut s'offrir à domicile ? La seule solution est d'élargir l'écran et d'affiner l'image. Comment expliquer le succès des salles comme le Kinopanorama en son temps ou du Gaumontrama à l'heure actuelle, sinon par le fait que l'écran large n'ayant plus de cadre, le spectateur a la sensation d'être dans l'image. Avec l'Imax en 3D, il est carrément dans l'espace ! On dit beaucoup que les images de synthèse sont l'avenir du cinéma, pour moi le futur, ce sont ces images-là sur écran géant. Les écrans de ce type sont nés d'abord pour présenter des images de haute définition par simple curiosité technologique. Il faut dès maintenant passer de cette curiosité aux moyens de narration, dominer la technique pour l'asservir à son propos. Le réalisateur doit réapprendre son métier pour suivre cette évolution inéluctable. Car, si on veut que se créent des salles Imax, il faut pouvoir les approvisionner. | Le passage à ce type de produits ne se fera pas en un jour. Bien sûr, il y aura des réticences et des résistances, chaque progrès dans la restitution de l'impression de réalité a été combattu en son temps, que ce soit le passage au sonore, à la couleur, au cinémascope... [...] |
Jean-Jacques Annaud a fait bouger le cinéma français des années 80 en lui donnant une ambition à laquelle il était mal habitué (La guerre du feu, Le nom de la rose et L'ours). Il se lançait en 1994 dans la production des Ailes du courage, un moyen-métrage en 3D Imax en avance sur son temps. D'où l'intérêt rétrospectif de se pencher sur sa vision à l'époque du cinéma d'aujourd'hui. Une vision où l'Imax serait dominant.
Avec 5 Baftas, 7 Golden Globes (record) et 14 nominations aux Oscars (record), La la land sera indéniablement le grand gagnant de la saison des prix des films 2016. Une razzia qui confirme la place de classique instantané qu'est en train de prendre le troisième film de Damien Chazelle.
La la land est un film qui plait indéniablement. Le film est monté jusqu'au 20ème rang du top250 d'IMDb. En France, l'observatoire de la satisfaction a mesuré un taux de 65% de haute satisfaction et une moyenne élevée de 8,7 sur 10. Les spectateurs d'Allociné lui attribuent une moyenne de 4,4 sur 5, le rendant éligible au top40 du public. Au Canada, c'était le prix du public du Festival de Toronto et en Italie le prix de la meilleure actrice au Festival de Venise. Le prix du meilleur film ne lui a pas échappé aux Baftas anglais et aux Goldens globes remis par les critiques étrangères installés aux Etats-Unis. La note des critiques professionnels ressort globalement à 93% au baromètre Rotten tomatoes pour 339 avis compilés. Et les Guildes des Réalisateurs (DGA) et des Acteurs Américains (SAGA) ont choisi cette année d'honorer respectivement Damien Chazelle et Emma Stone.
Dans une récente vidéo parodique, l'anglais Paul Taylor se moque du cinéma français. Il s'attaque à ses critiques, ses succès et à ses clichés. C'est cruel car tous les cinémas du monde ont leurs clichés qui sont autant de repères d'une culture commune de ceux qui font les films et ceux qui les regardent.
Les discussions de trentenaires autour d'un café, une scène de réveil au lit à deux, la pluie derrière les vitres, les appartements parisiens de plus de 100 m2 à Paris, la quête de sens dans une société compliquée. Le cinéma français aime afficher sa différence dans les stéréotypes. Résultat, il existe même un mot-clé pour jouer avec ces situations récurrentes : #CommeDansUnFilmFrançais. Il faut reconnaître pourtant que ce sont les américains qui sont les plus caricaturaux pour représenter la France : tous les appartements ont une vue sur la Tour Eiffel, l'accordéon accompagne la musique, tout le monde roule en Renault ou Citroën, la vie à la campagne ressemble à celle de Pagnol, le parisien combine chic, alcool et cigarette tandis que baguette et béret sont encore souvent de rigueur.
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Docteur en Sciences de l'information et de la communication, Laurent Darmon est devenu par cinéphilie un spécialiste de la réception cinématographique et de la sociologie du cinéma.
Il est l'auteur d'une thèse sur "l'itinéraire de l'évaluation d'un film par le spectateur au cinéma", anime des conférences et a été le Président de la Commission Cinécole 2016. Parallèlement, il est en charge du digital dans une grande banque française.
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