Coup de gueule contre la décision des pouvoirs publics polonais qui ont mis en garde contre la vision pro-juive du film qui lui aurait notamment permis de se voir récompensé d'un Oscar du meilleur film étranger. Coup de projecteur sur un film qui pourrait faire bouger les mentalités en Pologne.
Loin de la cinéphilie dominante et de l'expression littéraire contenue des critiques, Karim Debbache et sa bande ont développé un style qui s'est imposé sur le net Et c'est mérité car il allie fond et forme pour parler des films et du cinéma en général avec une érudition qui tranche avec ses sujets. Sa 3ème vidéo Chroma est sortie aujourd'hui.
Attention, coup de cœur. Depuis un peu plus de deux ans, Karim Debbache écrit et monte ses chroniques, aidé à l'écriture de ses compère Gilles Stella et Jeremy Morvan. C'est bien fait, le discours est vraiment intéressant et on passe un bon moment par le permanent second degré et ton ironique de ses chroniques.
Armé d'un BTS audiovisuel et une spécialité dans la postproduction et le montage, il partage sa cinéphilie comme le fait François Theurel (Le fossoyeur des films), autre video blogueur du net qui allie culture experte et volonté de partage au plus grand nombre. C'est un vrai passionné de cinéma. Il ne se laisse pas enfermer par le bon goût et sait analyser ce qu'il aime et ce qui lui déplaît avec clairvoyance. Force est de constater qu'il évoque pour le moment plutôt des films qu'il a lui-même du mal à défendre et on a hâte de le voir critiquer des films qu'il aime vraiment. En effet, à ses débuts, passé par jeuxvideo.com, il devait retenir des films en lien avec ce loisir ; or jusqu'à maintenant l'univers du jeu vidéo et du cinéma de fiction n'a pas donné grand chose (à l'exception notable du dessin-animé Les mondes de Ralf qu'il n'a pas - encore - chroniqué). Il prend le temps d'expliquer pourquoi un film ne fonctionne pas ou pourquoi il le trouve intéressant et y a pris du plaisir, sans jamais se limiter à des formules lapidaires. Ma chronique préférée de cette série, Crossed, aujourd'hui terminée est le dernier et 28ème épisode consacré à Scott Pilgrim vs the world.
On y découvre aussi de façon ludique les secrets du cinéma, de la technique aux règles de narration :
En discutant avec mon fils, il me raconte qu'il a vu Zoolander dans le TGV. Lorsque je l'interroge pour savoir si ça lui a plu, il me répond : "oui, c'est pas mal, c'est un film de train !". Voila un genre que je ne connaissais pas et pourtant on savait tous les deux de quoi il s'agissait. Le classement générique est une bien étrange façon de ranger les films. Chez IMDb, il y a 22 genres principaux (à retrouver ici) qui se décomposent rapidement en sous-genres. Mais la bibliothèque des films peut aussi être attaquée via les sous-genres, rassemblées par famille de genres (Cf. l'infographie ci-dessous). Chacun mettra la "bonne" granularité où il voudra. Lorsque le film se présente au spectateur, il est accompagné d’un discours qui le positionne dans une catégorie générique. C’est un western, une comédie, un thriller. Le genre apparaît comme une référence entre ceux qui font le film et ceux qui sont appelés à le voir. Pour bien marquer cette identité, les distributeurs utilisent des signes en facilitant la reconnaissance (lire l'article) : couleurs de l’affiche (souvent déterminées par un gros succès récent qui crée une sorte de charte graphique pour les films du genre qui suivent), musique de la bande-annonce (caractérisant particulièrement comédie et thriller), acteurs (en particulier lorsque son image « colle » avec celle du film). Le genre reste une image simplificatrice du spectacle attendu qui renvoie au contrat affectif qui s’est créé d’expérience entre le spectateur et le cinéma.
Certes, le genre est une donnée non figée sujette à interprétation. La production cinématographique n’est pas découpée en catégories définies selon « une table générale » à caractère scientifique [1]. Il dépend souvent de la lecture qui est faite du film, le mélange des genres permettant de classer un film dans une catégorie plutôt que dans une autre [2]. Mais le genre est surtout une donnée de classement dont l’objet est justement d’intégrer le film dans un référentiel général. Les observateurs se sont fait l’écho du premier Oscar gagné par Leonardo Di Caprio lors de la 88ème cérémonie des Oscars qui s’est tenue dimanche soir. Pourtant le vainqueur le plus patient, longtemps oublié des votants américains, est à chercher du côté de l’Italie : Ennio Morricone.
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Docteur en Sciences de l'information et de la communication, Laurent Darmon est devenu par cinéphilie un spécialiste de la réception cinématographique et de la sociologie du cinéma.
Il est l'auteur d'une thèse sur "l'itinéraire de l'évaluation d'un film par le spectateur au cinéma", anime des conférences et a été le Président de la Commission Cinécole 2016. Parallèlement, il est en charge du digital et de l'innovation dans une grande banque française.
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