
Comme souvent à la publication du palmarès, les observateurs du festival de Cannes se penchent sur les films honorés et négligés. Ils cherchent non pas à prendre le pouls du cinéma (pour ça, ils critiquent la sélection entière), mais à juger de la pertinence des choix du jury à faire le tri entre des films si différents puisqu'ils traduisent indirectement une certaine diversité du cinéma mondial. Rappelons que cette diversité est toute relative. D'abord parce que quantitativement réduire la production du cinéma mondial à une vingtaine d’œuvres, voire une cinquantaine avec les sélections parallèles et les films hors compétition, serait bien réducteur d'un art qui se construit dans bien plus de pays que ceux représentés et dans des sous-genres souvent oubliés. Ensuite parce que qualitativement les films sélectionnés représentent la vision des sélectionneurs encadrés par le délégué général du Festival, Thierry Frémaux. Reconnaissons que la tâche n'est pas facile et qu'à la fin, il faut savoir choisir entre les 4000 films visionnés par ces comités à travers le monde. | Cette année, il en est évidemment de même. Le directeur artistique du Festival de Venise, Alberto Barbera, regrette l'absence d'un italien dans le jury pour défendre les trois films italiens : « Une personnalité de poids et de prestige réussit d’habitude à arracher quelque chose ». Ce n'est pas vraiment du favoritisme, mais un juré qui aurait été plus sensible à la petite musique de son cinéma nationale parce qu'il en maitrise parfaitement les schémas et s'avère sensible à ses variations. Les frères Coen étaient bien conscients de cette réalité en acceptant la charge de la présidence du jury. Ne répondaient-ils pas à une interview de Libération sur l'option du consensus pour choisir la Palme en répondant : " Il n’y a pas de recette pour identifier le meilleur film, peut-être parce que le concept même de «meilleur film» n’existe pas finalement. Allez savoir ! ". |