Cette influence est d’autant plus paradoxale que le film se nourrit de références à d’autres œuvres dont l’autodidacte Tarantino (31 ans à l’époque) s’abreuvait dans le vidéoclub où il travaillait encore deux ans plus tôt.
- Fragmentation - Le récit est raconté dans un ordre non chronologique. On y suit trois intrigues entremêlées où le héros de la première devient figurant dans la seconde et se retrouve avec un rôle secondaire dans la troisième. Les sept segments remis dans l’ordre chronologique donneraient 4a, 2, 6, 1, 7, 3, 4b, 5. Ainsi un personnage peut mourir et revenir dans une scène suivante. Cette approche en puzzle reflète les idées structuralistes qui mettent en avant la structure sous-jacente des récits plutôt que leur contenu linéaire.
- Intertextualité et références culturelles - On y trouve des dizaines de citations comme celles à En quatrième vitesse (la valise mystérieuse avec une lumière brillante), Psychose (les deux plans de Marsellus traversant la rue et croisant le regard de Butch), Delivrance (la scène de viol de Marsellus), 8 1/2 (le twist dansant entre Mia et Vincente) Alphaville (la longue marche de Vincente et Jules dans le couloir). Cette intertextualité est une caractéristique clé du postmodernisme, qui découle du structuralisme en soulignant les relations entre les textes et les signes.
- Déconstruction - Le film mélange les genres (film noir, comédie, drame, etc.) et joue avec les attentes du spectateur. Comme son titre y fait référence, Pulp fiction reprend le principe des pulps, ces magasines bon marché des années 30 qui agrégeaient plusieurs fictions racoleuses. D’où la volonté d’inscrire le film dans un certaine modernité intemporelle (le boxeur old school, le diner des 50’s, un Travolta désuet ou encore le choix de la bande musicale). Cette déconstruction des genres est une autre influence du structuralisme qui analyse comment les genres et les conventions narratives s’élaborent.
- Personnages et dialogues ironiques - Les personnages sont des archétypes déconstruits et les dialogues sont souvent métafictionnels, (comme Jules récitant un passage biblique, Ézéchiel 25:17, avant d'exécuter quelqu'un). Cela renforce l'idée que le film est conscient de sa propre construction narrative.
Loin de cette lecture autoréflexive, le film s’est surtout imposé comme l'incarnation du cool, avec ses dialogues tranchants, ses chansons devenues cultes, sa violence soudainement brutale et son humour noir. Et ça, c’est « tarantinesque » !