
Alain Chabat revient à Astérix avec la sortie le 30 avril d’une série de cinq épisodes tirée du Combat des chefs. Il revient donc à un personnage qu'il avait fréquenté près d'un quart de siècle plus tôt.
Ce coup de maître a convaincu Claude Berri, alors parrain du cinéma français, de lui confier les rênes de la franchise culte. En 2001, Chabat hérite donc de la lourde charge de succéder à Claude Zidi, dont Astérix et Obélix contre César avait attiré 9 millions de spectateurs, devenant l’un des plus grands succès des années 90.
Pour Mission Cléopâtre, Alain Chabat innove en créant une œuvre hybride, un juste équilibre entre hommage fidèle à l’univers d’Uderzo / Goscinny et explosion de son humour absurde hérité de ses années sur Canal+. Pour autant, ce mélange entre BD et télévision aboutit à un véritable film de cinéma. Mais la rupture avec la comédie française traditionnelle - symbolisée justement par son prédécesseur Claude Zidi- est réelle.
La touche du co-fondateur des Nuls est identifiable : répliques percutantes, anachronismes assumés et clins d’œil audacieux.
Chabat puise également dans son expérience personnelle avec la bande dessinée : avant ses débuts à la télévision, il s’était essayé à la BD (dans l’Antirouille). Cette sensibilité se reflète dans la manière dont il adapte les cases d’Uderzo à l’écran, respectant les compositions visuelles tout en leur insufflant une énergie nouvelle.
Mais l’innovation va bien au-delà de la fidélité graphique. Chabat réinvente les codes de la comédie cinématographique française en s’entourant d’un casting éclectique, mêlant talents confirmés (Gérard Depardieu, Christian Clavier) et seconds rôles inoubliables (Jamel Debbouze, Edouard Baer). Chaque acteur devient une pièce d’un puzzle humoristique où le burlesque cohabite avec des touches inattendues (le dessin animé dans la pyramide, l’Improvisation d’Otis, les publicités cachées, des chorégraphies décalées).
Enfin, la production se veut audacieuse, adoptant des standards hollywoodiens. Les décors somptueux, les effets spéciaux de qualité et la bande-son entraînante apportent une envergure rarement vue dans le cinéma français populaire.
Le succès est immédiat : Avec plus de 14 millions de spectateurs, le film devient le plus grands succès du box-office français depuis la Grande Vadrouille 36 ans plus tôt. Claude Zidi est battu.
En mélangeant tradition et modernité, Chabat offre une œuvre intemporelle dont les répliques continuent de résonner des décennies plus tard (le film eut droit à une ressortie cinéma en version restaurée « pour ses 21,5 ans »). Une leçon d’audace qui inspire encore aujourd’hui.
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