Le cinéma a toujours fait écho à la vie. Et la vie s'attache parfois à s'inspirer des films. Dans ce jeu de miroir, la science-fiction joue à projeter le monde tel qu'il pourrait être. Et quand il y a cinquante ans, on prédisait déjà la fin de la société de l'abondance, cela donne quelques films intéressant à examiner de façon rétroactive. |
Il y a tout juste 15 ans, alors que la préoccupation écologique s’est affirmée, le studio Pixar a repris le flambeau. Bien qu’on soit dans un dessin-animé, le constat est plus noir : l’Homme n’a pu sauver sa planète de sa surconsommation et il est parti émigré dans l’espace depuis 700 ans. Sur Terre, un dernier robot reproduit une routine programmée par les humains, mais s’avère avoir développé une conscience et être désormais capable d’exprimer des sentiments. Dans l’espace, l’humanité s’abandonne à une oisiveté assistée par la technologie, mais s’avère avoir développé une totale passivité et être désormais incapable d’exprimer son libre-arbitre.
Le constat est doublement cruel sur l’écologie et la technologie. A priori.
Car Pixar va s’attacher à reconstruire un message optimiste là où les films des années 70 voulaient d’abord faire prendre conscience de « la fin de l’abondance ». Le public a désormais compris, il faut maintenant passer à l’action. C’est donc sur l’apathie de l’individu que ses auteurs, Andrew Stanton et Pete Docter, s’attachent pour montrer que l'humanité est capable de changer et de sauver la planète. De même, Wall-e ne porte pas un message négatif sur la robotique et l’intelligence artificielle, la technologie pouvant être aussi la solution à nos problèmes.
Pour les auteurs, la société des loisirs est un paradis qu’il faut savoir abandonner pour retrouver le sens des choses. On s’amusera alors de constater que Wall-e joue le rôle du serpent qui donne une plante, et non une pomme cette fois, pour ramener hommes et femmes sur la Terre. La genèse à l’envers. Étonnant pour la société sœur des parcs Disneyland.
Au-delà de l’originalité de forme d’un début sans dialogue, là réside la véritable modernité du film que de porter un discours conciliant l’intégration des préoccupations écologiques et des risques technologiques.
15 ans plus tard, le réchauffement climatique est devenu une réalité incontestée et l’intelligence artificielle générative s’invite dans nos débats éthiques et économiques. Espérons qu’il nous faudra cette fois moins de 700 ans pour agir collectivement.