- Positif : "L'adaptation du roman de Philip K. Dick, telle qu'elle a été faite dans Blade Runner, montre que (…) ni le sujet, ni les implications n'ont intéressé Ridley Scott".
- Première : Ridley Scott a tant soigné le décor et les ambiances qu'il en a quelques peu oublié l'histoire et les personnages auxquels pourtant Harrison Ford et trois découvertes (Rutger Hauer, Daryl Hannah et Sean Young) s'efforcent de donner vie ... L'écrin est superbe mais ... un peu vide, peut-être ?"
- La Croix : "Blade Runner est un film horriblement fatiguant qui ne met en lumière à peu près aucune des richesses de son scénario".
- La revue du cinéma / saison cinématographique : " La question - la conscience se communique-t-elle - aussi passionnante soit-elle en soi, trouvait dans le roman une matérialisation moins abstraite que ce à quoi le film la réduit".
- Metal Hurlant : "C'est Dick qu'on assassine".
- Mad movies : "Cinéma spectacle, budget impressionnant, décors fous, il manque tout de même à Blade runner on ne sait pas quoi de magique qui lierait le tout" [2].
- The New York Post : "The picture is really nothing more than that basic between Good and Evil ... The kids may be able to swallow this stuff without gagging".
Il y a eu une confusion entre son positionnement de film à grand spectacle destiné au grand public et ce qu'il est : un objet esthétique qui combine action et moment contemplatif, avec une réflexion sur ce qui fait notre humanité. Un malentendu analogue se manifestera à nouveau au moment de la sortie de Solaris de Soderbergh vendu comme une production de James Cameron dans l'espace pour vendre un drame métaphysique dans l'espace. Pour Blade runner, cette divergence est la traduction de projets différents entre la production qui attendait un film d'action et le réalisateur qui veut tourner un film noir de science-fiction. Paradoxalement, lorsque les séances-tests d'avant sortie démontrèrent la difficulté du public à suivre le film, producteurs et réalisateur se mettent d'accord pour rajouter une voix-off qui tire le film vers les films noirs à la Philip Marlowe.
Lors des premières projections-tests, le public était trop impressionné par l'univers du film et n'arrivait pas à suivre le scénario. Nous nous sommes dit à à l'époque, qu'il était nécessaire d'ajouter une voix off explicative. En fait, c'était une erreur. Harrisson Ford n'était pas d'accord non plus d'ailleurs. Nous l'avons tout de même fait et puis nous avons tourné une fin moins dramatique avec laquelle je ne me suis jamais bien sentie (Ridley Scott en 1992)
Le culte existait avant 1992, mais avec cette nouvelle version Blade runner passait dans la catégorie des classiques du cinéma. D'aileurs, il fallut attendre 1993 justement pour que la National Film Registry décide de conserver le film à la Bibliothèque du Congrès américain.
Dans les années 2000, Blade runner devient un habitué des palmarès des meilleurs films et se retrouve couramment en tête des classement des films de science-fiction les plus importants (Wired en 2002, The Gardian en 2004, New scientist en 2008). En 2007, c'est même l'American Film Institute qui le consacre en l'inscrivant parmi les 100 films américains les plus importants, à la 97ème place.
[1] - Dustin Hoffman fut attaché au projet pendant quelques mois, mais il se retira pour divergence artistique avec Ridley Scott.
[2] - On conseillera de lire le très bon numéro special de Mad Movies sorti en novembre 2017 (classic n°10) consacré à Blade runner et revenant sur la réception du film (pages 74-79). Pour les anglophones, il y a l'analyse de la réception par Omar Ahmed de Blade runner.
[3] - On doit ce Director's cut à la découverte par Michael Arick d'une veille version de travail diffusé à Dever en 70 mm. Sans avoir participé au travail de restauration, Ridley Scott en valida la sortie.
|4] - .On peut d'ailleurs lire dans Studio cinélive (n°94) une critique d'Olivier Bonnard à propos de Blade runner 2049 presque identique à ce qu'on lisait en 1982 à la sortie de Blade runner : " Il y a des idées dans Blade runner 2049. Le problème, c'est qu'il n'y a que ça. C'est un film d'idées. Parfaitement désincarné, figé sous un glacis d'un esthétisme stérile, pénétré de sa propre importance".