La présence dans la sélection officielle cannoise de deux films produits ou distribués par Netflix a fait couler beaucoup d'encre. C'est une première, mais c'est surtout l'intégration d'une évolution passible de remettre en cause la place de la salle de cinéma. Thierry Frémaux, Délégué général, a publié il y a quelques jours la Sélection Officielle de Cannes. Les réactions ont été parfois violentes. Immédiatement, dans un récent communiqué, la Fédération nationale des cinémas français (FNCF) regrettait que le Festival de Cannes ait retenu «deux films acquis ou financés par Netflix, sans que le conseil d'administration [du festival de Cannes], dont elle est membre, n'ait été consulté». Quelques jours plus tard, c'est le BLIC (Bureau de Liaison des Industries du Cinéma), qui regroupe au delà des exploitants et distributeurs, qui s'est ému : "cette situation soulève de nombreuses interrogations". En effet, la plateforme américaine a acquis la dernière production de Noah Baumbach, The Meyerowitz Stories, plateforme pour la diffuser mondialement (en tout cas où elle est disponible) à ses abonnés. Ce n'est pas un petit film puisqu'on y trouve au générique Ben Stiller, Emma Thompson, Adam Sandler et Dustin Hoffman, Il en est de même pour Okja, du coréen Bong Joon-Ho à qui l'on doit The host et Snowpiercer. Si le film de Baumbach n'a pas encore de date de disponibilité sur la plateforme, on annonce déjà le film coréen pour le 28 juin sur Netflix. Le spectateur peut donc s'imaginer être privé de Palme d'or au cinéma si l'un de ces deux films est retenu par le jury présidé par Pedro Almodovar. Derrière cette montée au créneau des exploitants, on trouve la crainte que la salle ne soit plus le chemin obligé pour inaugurer la carrière d'un film dans la chronologie des média. La FNCF s'interroge donc : "Et qu'en sera-t-il demain, si des films du Festival de Cannes ne sortaient pas en salles, remettant ainsi en cause leur nature d'oeuvre cinématographique ?" Et pourtant l'annonce simultanée que le Festival de Cannes 2017 proposera aussi des séances de la saison 2 de la série télévisée Top of the Lake (réalisée par Jane Campion) et de deux épisodes de la nouvelle saison de Twin Peaks (réalisés par David Lynch) n'a pas produit le même effet sur la profession. Ce ne sont officiellement pas des films de cinéma !
Le plan débullé est une figure de style de la réalisation d'un plan qui s'est imposée assez tôt dans l'histoire de la mise en scène cinématographique. Son sens est multiple et se conçoit par opposition avec un plan filmé de façon classique.
Les règles de cadrage suivent un principe de respect de la réalité. Le plan filmé cherche couramment à représenter ce qu'un témoin invisible verrait s'il observait la scène. Il y a donc un souci de réalisme à reproduire ce que l’œil voit. Or, l’œil humain voit le monde selon un plan à l'horizon invariablement horizontal, même si on penche la tête. Mais le plan cinématographique est appelé à transmettre des sensations nouvelles et le plan débullé participe à traduire certains effets perceptifs.
Le plan débullé, aussi appelé parfois plan cassé, plan penché ou Dutch angle en anglais, consiste à déplacer de quelques degrés l'inclinaison de la caméra afin de désolidariser le bas du cadre et la ligne d'horizon. Cet effet peut être accentué de deux façons. Soit en forçant sur cette inclinaison pour se rapprocher des 45°, soit en plaçant dans le plan une ligne de fuite traditionnellement horizontale mais dont l'inclinaison apparaît nettement au spectateur.
C'est le printemps ! ZeCinema s'enrichit de quelques pages et rubriques de plus. Des compilations d'images et de vidéos accessibles sur le net et particulièrement intéressantes.
En complément du blog, Zecinema édite quelques ressources du web gratuit pour mettre en avant des productions de cinéphiles, de sites riches en informations aux créations de cinéphiles passionnés.
Ainsi depuis quelques semaines, la nouvelle rubrique "Fan Art" permet-elle d'accéder à une grande sélection de posters refaits par des cinéphiles graphistes. Ceux-ci se sont investis de l'univers de films pour réinventer des affiches souvent plus pertinentes. Elles s'adressent souvent à ceux qui ont vu les films en ne cherchant pas à donner envie de les voir en mettant en avant un acteur, mais plutôt une élément iconique qui s'est insinué dans la mémoire de chaque spectateur.
Côté vidéos, la section Master class est l'une des plus fréquentées et il était normal qu'elle se renouvelle un peu. Ce n'est plus une page, mais trois qui sont désormais accessibles depuis aujourd'hui. La première, historique, était consacrée à des thématiques à travers le regard de réalisateurs célèbres : la contre-plongée chez Quentin Tarantino, le zoom chez Stanley Kubrick ... La première nouvelle page, "les films des auteurs", est dédiée à une approche plus globale des films d'un metteur en scène pour en sortir à la fois une vue rétrospective et en montrer la cohérence. L'autre nouvelle page, "un film à la loupe", compile des analyses pertinentes et illustrées spécifiques à une oeuvre intéressante à étudier. Les incontournables sept samouraïs et Le parrain y sont en proximité avec Paranormal activity et Pleasantville.
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Docteur en Sciences de l'information et de la communication, Laurent Darmon est devenu par cinéphilie un spécialiste de la réception cinématographique et de la sociologie du cinéma.
Il est l'auteur d'une thèse sur "l'itinéraire de l'évaluation d'un film par le spectateur au cinéma", anime des conférences et a été le Président de la Commission Cinécole 2016. Parallèlement, il est en charge du digital dans une grande banque française.
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