On est en droit de se demander si des films comme War machine auraient pu exister sans Netflix. En tout cas, les producteurs de Okja n'hésitent pas à dire que les studios avaient refusé son film et son budget alors que Netflix avait soutenu l'auteur sans réserve. Cela amène à revoir ses préjugés.
Les studios négocient actuellement de pouvoir proposer leur film en vod à l'unité quelques semaines après la sortie en salles : on parle d'un mois dans certaines négociations agressives. On verra ce qu'il en sortira car les studios négocient indépendamment pour éviter de se faire rattraper par la loi sur les ententes.
En gardant cette chronologie qui renvoie les films de Netflix trois ans après leur sortie en salles, le système exclue de fait ces plateformes du dispositif. Cette fenêtre était prévue pour des médias de troisième exclusivité, qui apportaient un financement d'appoint. ce n'est pas la place qu'Amazon et Netflix comptent prendre. Il faut donc bien leur faire de la place contre un engagement de participer au financement des films. Ils tapent à la porte justement pour y jouer ce rôle et le milieu du cinéma semble refuser leur apport. On comprend mieux pourquoi l'alliance entre producteurs et distributeurs s'est fissurée. Il sera intéressant de suivre ce que pourra alors contenir la proposition du candidat Emmanuel Macron de créer un "Netflix européen" dans ce contexte.
Les règles actuelles ont 8 ans déjà. A l'époque Netflix comptait 11 millions d'abonnés. Il y en aura dix fois plus à la fin de l'année. Il va falloir que le cinéma s'adapte à cet aspect de la révolution digitale. Les producteurs le souhaitent. Les exploitants le craignent.