Un top50 qui bouge désormais assez peu car les leaders atteignent une note difficile à atteindre. La méthode de calcul crée une pondération peu favorable aux films avec peu de votants et il s'avère difficile sur la longueur de monter très haut car le succès amène un public non acquis souvent plus difficile à satisfaire. Il faut donc des œuvres capables de générer une véritable enthousiasme et résistant au temps pour un public relativement large.
Une nouvelle rubrique sur Zecinema seulement pour le bonheur des yeux. Une façon ludique de suivre le Top250 d'IMDb Pour Jean-Luc Godard, "la photographie, c'est la vérité et le cinéma, c'est vingt-quatre fois la vérité par seconde". Pour autant, il y a des secondes plus marquantes que d'autres. Après la projection, le film vit en mémoire. Il y laisse quelques impressions comparables à des impression-tableaux qui constituent autant de trace de la carrière d'un spectateur. Un top50 qui bouge désormais assez peu car les leaders atteignent une note difficile à atteindre. La méthode de calcul crée une pondération peu favorable aux films avec peu de votants et il s'avère difficile sur la longueur de monter très haut car le succès amène un public non acquis souvent plus difficile à satisfaire. Il faut donc des œuvres capables de générer une véritable enthousiasme et résistant au temps pour un public relativement large. Ci-dessous une représentation en orchestre de ces quelques moments cinéphiles. Les gifs ("images animées") ne sont volontairement pas accompagnés de légende indiquant les titres des films. A vous de les retrouver. Pour découvrir la suite du classement
Blade runner est aujourd'hui un film qui bénéficie d'une aura quasi-unique dans le cinéma hollywoodien. Sans avoir été un vrai succès, il a conquis le public cinéphile à travers le temps, mais il peine encore à trouver grâce aux yeux du grand public malgré une influence indéniable dans le cinéma de ces 30 dernières années. Lorsque Blade Runner sort en 1982, il est promis à un bel avenir. C'est censé être l'un des blockbusters de 1982. Son budget est en conséquence avec 28 M$, soit l'équivalent de 85 M$ d'aujourd'hui. Derrière la caméra, on trouve Ridley Scott qui a su transformer Alien, un thriller de l'espace, en cinquième plus gros succès de l'année 1979. Devant, Harrison Ford [1], la nouvelle star du cinéma d'action qui vient d'inaugurer le personnage d'Indiana Jones juste un an plus tôt. La date de sortie - 25 juin- ne trompe pas sur les ambitions importantes du studio à positionner le film dans la course au succès d'été. Une adaptation en bande dessinée a même été commandée pour accompagner le merchandising du film et combler les fans. On le sait, la réalité sera bien différente de ce qui sera anticipé. Sorti deux semaines après E.T. l'extraterrestre de Steven Spielberg, le film de Ridley Scott n'est pas un triomphe. Loin de là. Avec 27 M$ (27ème score au box-office annuel), il affiche des recettes aux Etats-Unis égales à son budget : c'est insuffisant à une époque où le marché américain représente plus de 60% du box-office des films américains et qu'il faut couvrir en outre les frais de distribution et d'exploitation. Le succès sera proportionnellement un peu meilleur dans le reste du monde, notamment en France avec 2 millions de spectateurs (8ème succès d'un film étranger de l'année et 18ème en tout). Le public n'a donc pas été totalement au rendez-vous. On ne peut pas dire que les critiques de l'époque aient beaucoup mieux soutenu le film.
Il y a eu une confusion entre son positionnement de film à grand spectacle destiné au grand public et ce qu'il est : un objet esthétique qui combine action et moment contemplatif, avec une réflexion sur ce qui fait notre humanité. Un malentendu analogue se manifestera à nouveau au moment de la sortie de Solaris de Soderbergh vendu comme une production de James Cameron dans l'espace pour vendre un drame métaphysique dans l'espace. Pour Blade runner, cette divergence est la traduction de projets différents entre la production qui attendait un film d'action et le réalisateur qui veut tourner un film noir de science-fiction. Paradoxalement, lorsque les séances-tests d'avant sortie démontrèrent la difficulté du public à suivre le film, producteurs et réalisateur se mettent d'accord pour rajouter une voix-off qui tire le film vers les films noirs à la Philip Marlowe. La libération sexuelle de la fin des années 60 a touché le cinéma avec une force inouïe au milieu des années 60 avant un reflux conservateur qui a fait de la période 1972-1975 un laboratoire de l'expression des préférences un peu particulier. Zoom sur le pic de 1975. En 1974, Emmanuelle avait ouvert la voix pour attirer le grand public vers un érotisme bon chic bon genre qui s'assume dans des limites raisonnables. Il est suivi quelques semaines après des Contes Immoraux de Walerian Borowczyk et des Mille et une nuits de Pier Paolo Pasolini (1,1 M de spectateurs France chacun). Mais le public en voulait plus : "quand il n'y a plus de limite ...". Et une partie de ce public allait assumer ce désir sans concession. Par capillarité avec le succès accepté des films érotiques, les films pornographiques ont vu aussi leur audience progresser dès 1974. Dans le top 15 hebdo, la présence d'un film X ou assimilables est devenue courante. En 1974, les plus gros succès du genre sont Les impures - Anita (142.000 spectateurs parisiens - il faut multiplier par trois pour avoir le score France), Les charnelles (135.000), Les couples du bois de Boulogne (121.000) et Chaleurs danoises. En tout sur l'année, sur 120 films à caractère pornographique sortis en 1974, la production française en représente 40% et le reste est dominé par des films européens.
Aucun d'eux de rentre dans les sept premières places du top hebdomadaire. Pourtant au cours de l'été 1974, c'est le triomphe d'Emmanuelle et de son érotisme grand public qui change l'image du film à caractère sexuel. Le porno en profite. |
Docteur en Sciences de l'information et de la communication, Laurent Darmon est devenu par cinéphilie un spécialiste de la réception cinématographique et de la sociologie du cinéma.
Il est l'auteur d'une thèse sur "l'itinéraire de l'évaluation d'un film par le spectateur au cinéma", anime des conférences et a été le Président de la Commission Cinécole 2016. Parallèlement, il est en charge du digital et de l'innovation dans une grande banque française.
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