L'avantage de la science-fiction, c'est que les auteurs essaient de dessiner le monde de demain en poussant certaines logiques contemporaines. Les préoccupations du moment sont exacerbées : au début des années 70, on est dans l’avènement d'une société de consommation dont les fondements ont progressivement annihilé le "monde naturel" : il en ressort une prise de conscience écologique dans Silent Running en 1972 ou un traitement extrême de la crainte de la surpopulation dans Soleil vert en 1973 (comment la nourrir ?) et L'âge de Cristal en 1976 (comment la limiter ?). Blade runner présentait également une société impersonnelle au début des années 80 : la ville démesurée semblait engloutir l'individu et l'humain se confondait avec l'humanoïde. Même si notre cité n'est pas exempt de problèmes sociétaux, on en est bien loin plusieurs décennies plus tard.
Plus léger évidemment, le film Retour vers le futur 2 est pourtant un bel outil d'analyse de l'Amérique de la fin des années 80. Il y aurait matière à comprendre les désirs et les peurs des américains de l'ère post-Reagan. Au moment d'écrire la suite de Retour vers le futur, Robert Zemeckis et Bob Gale vivent dans un monde où la crise économique s'est installée de façon structurelle : le déclin social est devenu une vraie peur des classes moyennes à cause du chômage et la toute puissance de l'Amérique est ébranlée dans la mondialisation qui remet en cause les positions établies. Retour vers le futur 2 parle donc logiquement de ces phénomènes en 1989, même dans les séquences se déroulant en 2015.