A l'époque, les discussions évoquaient souvent les actrices les plus séduisantes et les films où les voir. C'est ainsi que les utilisateurs du forum rec.arts.movies se sont retrouvés à s'échanger des filmographies dans des messages : Kim Basinger et Pichelle Pfeiffer étaient souvent citées à l'époque. Et comme le réseau était constitué de geeks, il n'est pas étonnant que l'un d'entre eux ait décidé de reprendre ces filmographies dans une base de données. On est en 1989 et ce précurseur s'appelle Col Needham, un ingénieur de 22 ans qui travaille alors chez Hewlett-Packard à Bristol. Cinéphile (il a vu plus de 9.380 films à aujourd'hui), ce britannique note depuis ses 13 ans le noms de ceux qui font les films et il aime faire des quiz dessus. Il dit de lui-même : "It's fair to say I'm a geek". Rapidement la base grossit et il développe un mini-programme pour permettre aux autres membres de la compléter. La base de données centrée sur les actrices s'enrichit d'informations sur les acteurs et les réalisateurs. Les producteurs et les compositeurs de musique suivront. Parmi les techniciens, quelques décorateurs sont parmi les premiers à apparaitre sur la base. Bizarrement les scénaristes n'arrivent qu'après. Bizarrement ? Non car il suffit d'un nouveau volontaire motivé pour que les lacunes soient prises en charge. Des volontaires, il y en a de plus en plus qui, tous, contribuent à développer la base de données de Col Needham. La force vive est constituée d'une vingtaine de cinéphiles. A l'été 1990, ce sont 10.000 films qui sont répertoriés, soit exactement le même nombre d’œuvres répertoriées par le Dictionnaire des films édité par Larousse cette année-là. Mais à la différence des versions papier, la mise à jour est continue et les erreurs sont rapidement corrigées par les fans.
Le succès est tel qu'en 1998 Amazon.com rachète l'entreprise. Col Needham ne sera pas perdant car le rachat se fait notamment en échange d'actions Amazon qui connaîtront l'évolution à la hausse que l'on sait. L'acquéreur maintient depuis une structure totalement autonome, avec seulement la promotion de vente croisée.
La recette d'IMDb a facialement peu évolué, restant accessible à tous gratuitement et en anglais (la partielle version française a totalement disparue aujourd'hui). Pour autant, l'entreprise a grossi avec environ 150 collaborateurs aujourd'hui, devenant un acteur important pour la promotion des films. Une version pro payante a été lancée en décembre 2001 pour les professionnels permettant d'accéder à des informations confidentielles sur les films en tournage, les castings, les coordonnées des agents des stars et des statistiques complètes. En 2008, IMDb a racheté le site Box office Mojo qui fournit des données sur les résultats du box-office. Une autre filiale, Withoutabox, acquise la même année, aide à la promotion des films en permettant aux auteurs de proposer leurs œuvres à des festivals affiliés. Le site est partout. IMDb va sur les réseaux sociaux en 2008, sur Facebook puis Twitter. Des applications pour smartphones sont développées pour l'Apple store en 2009 et Androïd en 2010 et ont connu rapidement un grand succès : 115 millions de téléchargement.
Pour les cinéphiles, on retiendra surtout que le film préféré du fondateur d'IMDb est Sueurs froides et qu'il y a vingt ans on trouvait en tête du top250... La guerre des étoiles, un film de geek finalement.