Que signifie le fait d’être satisfait ou d’être déçu par un film que l’on vient de voir au cinéma ? Est-ce que l’on est satisfait ou déçu de ce que l’on a vu ou bien est-ce que l’on est satisfait ou déçu au regard de la décision que l’on a pris d’aller voir, seul ou à plusieurs, un film qui n’a pas répondu aux attentes qui étaient les nôtres au moment où l’on a pris la décision d’aller voir le film en question ? Que signifie, au demeurant, décider d’aller voir un film ou – ce n’est pas tout à fait la même chose - un film plutôt qu’un autre ?
Emmanuel Ethis, Président de l'Université d'Avignon, professeur des universités, sociologue de la Culture, Emmanuel Ethis consacre ses recherches à la sociologie du cinéma, à la réception des œuvres filmiques et à l'analyse des publics du cinéma et des grands festivals. Il a eu la gentillesse de bien vouloir préfacer mon dernier ouvrage édité par L'Harmattan. Je le remercie pour cette préface ci-dessous publiée.
Que signifie le fait d’être satisfait ou d’être déçu par un film que l’on vient de voir au cinéma ? Est-ce que l’on est satisfait ou déçu de ce que l’on a vu ou bien est-ce que l’on est satisfait ou déçu au regard de la décision que l’on a pris d’aller voir, seul ou à plusieurs, un film qui n’a pas répondu aux attentes qui étaient les nôtres au moment où l’on a pris la décision d’aller voir le film en question ? Que signifie, au demeurant, décider d’aller voir un film ou – ce n’est pas tout à fait la même chose - un film plutôt qu’un autre ? Le nombre de films produits en France s'est réduit de 5% en 2014. La publication cette semaine par le CNC des derniers chiffres de la production est l'occasion de revenir sur la notion de marché d'offre qui caractérise si souvent le marché du cinéma. On distingue couramment en économie les marchés d'offre et les marchés de demande. L'ipad a montré que le marché des ordinateurs pouvait être un marché d'offre car il générait une nouvelle demande alors que la corrélation entre le moral des ménages et les ventes d'automobiles prouvent que le marché des voitures est plutôt un marché de demande. Pour le cinéma, on admet facilement que c'est un marché d'offre. En effet, il apparait comme une évidence que le box-office varie d'une semaine sur l'autre en fonction de l'attrait des nouveautés de la semaine. De même, une bonne année vient souvent d'un ou deux triomphes :
Le British Film institute (BFI) publie tous les 10 ans depuis 1952 la liste des meilleurs films d'après plusieurs centaines de leaders d'opinion du cinéma. C'est une référence pour mesurer l'évolution du "bon goût" reconnu à travers le temps. En 2012, le dernier classement de la BFI est paru. Il comprend 50 films et pour la première fois depuis 1962, il n'est plus dominé par Citizen Kane. C'est désormais Sueurs froides (Vertigo) d'Alfred Hitchcock qui a succédé au classique d'Orson Welles. Ce sont 846 critiques, distributeurs et autres responsables de festival qui ont voté. On n'y retrouve que des classiques de l'histoire du cinéma, avec des écarts importants avec les palmares du grand public. La comparaison des 50 meilleurs films du classement de 2012 avec ceux du Top250 des cinéphiles du site IMDb est éloquente, même si l’existence de points de rencontre est aussi intéressante : aucun film commun dans les dix premiers et seulement 8 films pour les cinquante premiers des deux listes |
Docteur en Sciences de l'information et de la communication, Laurent Darmon est devenu par cinéphilie un spécialiste de la réception cinématographique et de la sociologie du cinéma.
Il est l'auteur d'une thèse sur "l'itinéraire de l'évaluation d'un film par le spectateur au cinéma", anime des conférences et a été le Président de la Commission Cinécole 2016. Parallèlement, il est en charge du digital et de l'innovation dans une grande banque française.
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