2019 est une année chargée historiquement pour le cinéma de science-fiction. De nombreux films fantastiques s'y réfèrent comme période de référence pour y décrire le futur. Ce n'est pas totalement un hasard car les années 80 se sont souvent projetés sur la présente décennie qui paraissent bien lointaine à l'époque. Il est désormais possible de porter un regard rétrospectif sur ce cinéma qui imaginait notre présent. En 1902, déjà Georges Méliés sortait son fameux Voyage dans la lune. Un film quelque peu prémonitoire de ce que feront les américains 67 ans plus tard, mais qui doit d'abord beaucoup à Jules Verne et son Autour de la Lune paru exactement 100 ans avant le premier pas lunaire de Neil Armstrong [1]. Et Métropolis de fritz Lang donnait en 1926 une vision socialement stratifiée des villes modernes de 2026, mais si le propos peut rencontrer quelques échos sociaux avec le monde d'aujourd'hui, force est de reconnaître qu'il a d'avantage inspiré la science-fiction future (Star wars, Blade runner, Dark city, le cinquième élément ...), que notre société malgré l'inspiration déjà d'une intelligence artificielle humanoïde. Le cinéma aime à projeter le spectateur dans un univers qui le sort de son ordinaire. Le fantastique et la science-fiction sont donc parmi les genres préférés du public. Mais comme il faut aussi qu'il puisse se projeter et s'intéresser à l'histoire pour toucher la cible la plus large, les scénaristes aiment à ne pas trop s'écarter du présent. Une durée d'une trentaine d'année est donc souvent retenue car c'est à la fois suffisamment loin pour imaginer des changements radicaux et suffisamment près pour que la grande majorité des spectateurs sachent que c'est un monde dans lequel il pourrait très bien évoluer dans le futur. C'est ainsi qu'en 1949 George Orwell choisit de retenir 1984 pour évoquer l'évolution possible vers une société totalitaire et qu'1968 Arthur C. Clack et Stanley Kubrick retinrent 2001 comme référence pour placer l'intrigue interstellaire de 2001, l'odyssée de l'espace. Notre présent est donc surtout abordé par les films des années 80 où la science-fiction s'est démocratisée pour faire la synthèse de deux films à quelques mois d'intervalle quelques années plus tôt : Star Wars (mai 1977), le space opera intemporel de George Lucas et Rencontre du troisième type (novembre 1977), le film fantastique raconté au présent de Steven Spielberg.
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Docteur en Sciences de l'information et de la communication, Laurent Darmon est devenu par cinéphilie un spécialiste de la réception cinématographique et de la sociologie du cinéma.
Il est l'auteur d'une thèse sur "l'itinéraire de l'évaluation d'un film par le spectateur au cinéma", anime des conférences et a été le Président de la Commission Cinécole 2016. Parallèlement, il est en charge du digital et de l'innovation dans une grande banque française.
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