Le public est abreuvé de films de super-héros depuis le début du siècle. Le cinéma accélère la production et les séries se multiplient. Si on se réfère à l'histoire du cinéma, il est pourtant fort possible que cela touche prochainement à sa fin. On y est pas encore. Loin de là. Le succès des super-héros depuis leur création par Marvel dans les années 40 tient tant à cette envie de s'identifier aux héros surpuissants qui donnent une revanche sur la vie réelle que de celle de pouvoir se savoir sauver par eux en cas de difficulté. Il n'est donc pas étonnant qu'ils soient si populaires chez les plus jeunes qui souffrent d'un complexe face aux adultes ou des adolescents qui cherchent à imposer leur identité sociale. Le regain d'intérêt auprès des adultes est plus récent et doit beaucoup au cinéma qui a pu redonner une seconde jeunesse au sous-genre grâce à une approche narrative mieux construite et au progrès des effets-spéciaux. Iron-Man fête d'ailleurs ses 10 ans cette année. Le public est animé de deux dynamiques pour aller au cinéma. La première le conduit à aller voir ce qui lui plait. La seconde à éviter ce qui risque de le décevoir. Ce sont ces deux phénomènes qui expliquent aujourd'hui le succès des films inspirés de héros Marvel (Avengers, X-men, Spider-man...) et DC Comics (Batman, Superman, Wonder woman...). Parce qu'il veut voir ce qui lui plait, le spectateur a tendance à retourner voir les films qu'il connait et lui apporte son lot de sensations. Les films super-héros apportent l'action qui stimulent et la réassurance d'un univers qu'il connait bien et apprécie. Sur ce point, les films de franchise s'appuient sur ce qui a fait le succès des séries télévisées, la connivence qui se crée avec le temps entre le public et les personnages récurrents. Avec des univers uniques et cohérents, Marvel/Disney et DC Comics/Warner tiennent une formule qui marche. Le genre même autorise de sortir le spectateur de la routine avec des images jamais vues (et pourtant toujours un peu les mêmes en CGI), chaque super-héros développant des pouvoirs étonnants avec un prisme spécifique. Spider-man nous parle de la difficulté d'être adulte, X-men de la tolérance, Batman de la rédemption, Docteur Strange de la nécessité de se libérer du matérialisme etc. mais à la fin, c'est toujours un gentil qui se bat violemment contre un très méchant pour gagner finalement en apprenant sur lui-même.
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Docteur en Sciences de l'information et de la communication, Laurent Darmon est devenu par cinéphilie un spécialiste de la réception cinématographique et de la sociologie du cinéma.
Il est l'auteur d'une thèse sur "l'itinéraire de l'évaluation d'un film par le spectateur au cinéma", anime des conférences et a été le Président de la Commission Cinécole 2016. Parallèlement, il est en charge du digital et de l'innovation dans une grande banque française.
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