Pourtant Alice Guy continua aussi à réaliser elle-même : le premier péplum (une superproduction sur le Christ), le premier gros plan dramatique, le premier making-of. Elle expérimente la colorisation à la main et le son synchronisé … On lui doit une satire féministe (« Le résultat du féminisme ») et un court-métrage sur le désir féminin (Madame a ses envies ») et elle abordera des sujets comme l’avortement et le planning familial.
En 1907, elle suit son mari nommé par Gaumont aux Etats-Unis. Après la naissance de son 1er enfant, elle y crée un studio de cinéma (Solax) et en fait l’un des plus importants du monde, produisant plusieurs centaines de films. Mais abandonnant les tournages pour s’occuper de ses enfants malades et ruinée par son mari qui la quittera peu après, elle revient en France en 1922. Les grands studios dominent alors le secteur, et à 49 ans, elle ne parvient pas à retrouver sa place dans l’industrie qu’elle a vu naître.
La reconnaissance sera tardive car l’histoire est écrite par les vainqueurs. Elle meurt en 1968 dans l’oubli : au mieux une timide redécouverte au milieu des années 70. Ce n’est que depuis une dizaine d’années, avec la montée du renouveau féministe, qu’Alice Guy retrouve progressivement sa place parmi les grands pionniers du cinéma. Il aura fallu attendre 100 ans !
Dans ses mémoires, qu’elle ne parviendra pas à éditer de son vivant, elle reprend cette citation de Roosevelt « Il est dur d’échouer, il est pire de n’avoir jamais essayé ».