On y retrouve l’influence d’un souvenir du jeune Steven qui à cinq ans est réveillé par son père pour contempler une pluie de météores des Perséides : émerveillé, il l’entend lui dire que rien de mauvais ne peut venir de là-haut. À 17 ans, il en tire Firelight, un court-métrage amateur qui évoque déjà des scientifiques enquêtant sur des lumières célestes puis la disparition d’objets et de personnes. Soit l’intrigue de Rencontres du 3ème type. Sauf que cette fois le réalisateur, alors âgé de 30 ans, centre son film autour de personnages ressemblant à ses parents : mari d’un couple en crise, le héros Roy est électricien comme son père qui évolua vers l’informatique tandis l’héroïne Jillian élève seul son fils comme le fera sa mère (qui était pianiste). Cette héritage entre les ordinateurs et la musique se retrouve dans la façon dont les humains communiquent avec les extra-terrestres puisqu’ils utilisent des ordinateurs pour faire de la musique (sol 4, la 4, fa 4, fa 3 et do 4).
Il reprend littéralement le souvenir de la pluie d’étoiles filantes pour une scène où Roy réveille sa famille en pleine nuit pour leur montrer « quelque chose » dans le ciel. L’observation d’ovnis, soit une rencontre du 1er type tandis qu’une interaction physique et un contact établi son respectivement les 2ème et 3ème types. Une rencontre physique qui se joue dans le film sur une montagne (traduction littérale de « Spielberg » !).
Pour élargir son propos, le cinéaste adopte deux points de vue complémentaires : celui de Roy le père de famille obsessionnel et celui du scientifique animé par sa curiosité professionnelle. Ils se retrouveront dans le même émerveillement enfantin. Un émerveillement qui fait écho à celui du spectateur, position des personnages devant le ballet final des vaisseaux.
Mais il doute que sa vision si personnelle des phénomènes extra-terrestres intéressera le public. Son ami George Lucas a la même crainte pour la Guerre des étoiles. Les deux hommes signent alors un contrat où ils s’échangent 1% des recettes de leur film. Même si Star wars bat le record des dents de la mer, Rencontres sera son dauphin au box-office de 1977.
Insatisfait du montage, car pressé pour sortir le film un mois plus tôt que prévu, Spielberg propose une version spéciale 3 ans plus tard. Mais concession au studio financeur, une dernière scène dans la soucoupe volante est rajoutée, dénaturant la vision de l’auteur qui a centré son film sur la difficulté de communiquer, et non sur les aliens. Il rectifiera le tir en 1998 dans un troisième montage, le plus cohérent.
« Nous rêvions de voir ces images avant même notre naissance » dit le grand écrivain de science-fiction Ray Bradbury. Sidérant autant que sidéral.