Alors que la nouvelle année commence, il est intéressant de se pencher sur le passé et de constater ce qu’il reste d’une année de cinéma. Trente ans, c’est une génération. Les critiques d’alors ont majoritairement pris leur retraite tandis que les spectateurs adolescents ont pris le pouvoir. Le temps a fait son œuvre.
À l’été précédent, était sorti Jurassic Park, une production qui avait hésité entre la stop motion des années 50 et l’expérimentation massive des images de synthèse photoréalistes. Le succès du film, qui se prolongea en 1994, allait profondément changer l’industrie cinématographique : en 1994, Hollywood réalise que l’image de synthèse donne un coup de jeune au cinéma de genre. L’image de synthèse s’impose ainsi dans les effets spéciaux des univers fantastiques de Stargate et The Mask comme du spectaculaire True Lies, trois succès au box-office de l’année. Il permet aussi d’envisager de donner vie au scénario de Forrest Gump et ses rencontres avec les héros américains du 20ème siècle. Enfin, le numérique permet cette année-là de redéfinir complètement l’industrie du dessin animé : en 1994, Toy Story est en pleine production pour sortir l’année suivante et rendre obsolète le dessin animé en 2D (Disney fermera son studio d’animation traditionnelle dix ans plus tard).
Avec le recul, une année de cinéma se juge surtout à la qualité de ses films car le temps permet de distinguer les films sympathiques qui tombent dans l’oubli des authentiques chefs d’œuvre que l’histoire canonise. Et 1994 est sans nul autre pareil à ce titre. Sur les écrans, on a pu voir Léon (Luc Besson), Ed Wood (Tim Burton), Chungking Express (Wong Kar-Wai), Trois couleurs : Rouge (Krzysztof Kiesllwski) ou encore Quiz Show (Redford). Mais surtout aux Oscars, concouraient ensemble :
📙Les Évadés, sous-estimé à sa sortie mais qui deviendra progressivement le film préféré des cinéphiles (en tête du top 250 d’IMDb),
🏃Forrest Gump qui gagnera l’Oscar du meilleur film et bénéficie encore d’une très belle côte d’amour (en tête du top des spectateurs d’Allociné),
💉Pulp Fiction qui reçu la Palme d’Or et fut une révélation pour le grand public d’une autre façon de raconter une histoire (devenu depuis une référence du cinéma post-moderne),
🦁 Le roi lion qui fut le plus gros succès de l’année (dont l’influence se mesure encore à Broadway et par le succès de son remake live).
Et on ne peut oublier aussi La Liste de Schindler, dont la sortie technique fin 1993 lui permit de concourir aux Oscars précédents, mais que le public découvrit aussi en 1994. Ce film sur la Shoah reste un jalon incomparable de l’histoire du cinéma.
Cette année-là, aux César, les gagnants furent Les Roseaux sauvages et Quatre mariages et un enterrement.
Le temps a fait son œuvre, je vous disais.