La saga Mad Max semble appartenir à une autre époque. Elle est née à la fin des années 70, alors que le sous-genre des films post-apocalyptiques était à la mode, dans une période où les bikers et les punks étaient populaires. Le premier film s'affirmait aussi dans la tendance des films de vengeance qui touchaient alors aussi bien le genre policier (Un justicier dans la ville avec Charles Bronson) que le film d'horreur (la dernière maison sur la gauche de Wes Craven ou Carrie de Brian De Palma). Et surtout le pétrole apparaissait plus que jamais comme l'or des sociétés modernes après deux chocs pétroliers. Depuis les années 80 et le retour à un certain ordre moral est passé par là. L'apocalypse s'exprime dans le monde d'aujourd'hui avec le retour des films-catastrophe (2012, Contagion, San Andreas), et l'avenir de notre monde devenu numérique est le plus souvent décrit sous forme de dystopie (Hunger games, Divergente). Le pétrole, lui, n'a jamais été aussi bon marché depuis longtemps. Ce n'était donc pas si évident que de penser que ce héros créé en Australie par un médecin autodidacte, George Miller, avec un petit budget serait de nature à s'imposer à l'heure où la concurrence des blockbusters américains est particulièrement vigoureuse. Le box-office ne manque plus de super-héros.
Dès la première semaine, le succès est là. Ce n'est pas un record, mais les spectateurs ont répondu présents. Aux Etats-Unis, le film a fait un solide 45 M$ en trois jours et finira sa carrière autour de 110 M$ (on notera néanmoins que le film a été largement battu par le film musical Pitch perfect 2 que personne n'attendait à la première place). En France, le film a attiré 900.000 spectateur la première semaine et finira autour de 2,5 millions d'entrées, finalement assez loin du record du second épisode (3.600.000 spectateurs), mais au niveau du troisième et dernier, Mad max au-delà du dôme du tonnerre.
Pour y parvenir, les distributeurs ont largement investi auprès des adolescents et des jeunes adultes sur internet, ce qui a été payant puisque 53% des spectateurs avaient moins de 25 ans le jour de la sortie (source : l'Echo du public). Si on se souvient que le premier film sorti en 1979 (confidentiellement certes) était interdit au moins de 18 ans, cela veut dire qu'il a plus de 55 ans aujourd'hui. Il valait donc mieux le rajeunir ... ou le positionner en film en classique. c'est ainsi que l'hebdomadaire L'express parle du " retour d'un cinéaste en pleine forme et la volonté de faire du spectacle intello" alors qu'on lit sur Avoir-alire.com que "cette déflagration est telle qu’il pourrait bien s’agir du blockbuster cérébral le plus brillant de la décennie".
On trouve la synthèse de cette réussite du film et de son positionnement promotionnel avec cette critique publié dans 20 minutes qui montre cette faculté du film à chercher à satisfaire ses deux publics : "George Miller a gagné en virtuosité. Trente ans après le dernier "Mad Max", il revisite le mythe, le renouvelle et le métamorphose pour le rendre à la fois familier et totalement neuf. Ni tout à fait le même, ni tout à fait un autre, Mad Max est toujours le roi de la route! ".
Mais ce qui marque le plus dans la réception du film, c'est le fort taux de haute satisfaction : 55% selon l'Echo du public, score particulièrement élevé pour un film d'action et les plus jeune sont ceux qui le plébiscitent (92% de taux de haute satisfaction). On observe le même résultat sur IMDb : une note moyenne à 9,2 pour les moins de 18 ans alors que les plus de 45 ans octroient une note moyenne de 8,2, ce qui est aussi très élevé. Car c'est le principal enseignement de cette sortie : le public a aimé Mad max et devrait donc être prêt à venir encore plus nombreux pour la suite.
Ça tombe bien puisqu'on nous annonce déjà trois nouveaux films.
[1] Le record est à mettre au crédit de Bambi 2 sorti 64 ans après le premier, mais le dessin animé Disney permet de renouveller le public plus facilement. Sinon on peut citer avec le même acteur-héros Texasville (1990) 19 ans après La dernière séance, Indiana Jones et le royaume du crâne de cristal (2008) 19 ans après la dernière croisade, Dumb & Dumber De (2014) 20 ans après le premier, Rambo (2008) 20 ans après Rambo 3, Psychose 2 (1983) 23 ans après le film d'Hitchcock, Tron: Legacy (2010) 28 ans après et la palme revient à Drôle de couple 2 (1998) 30 as après le premier duo Jac Lemmon et Walter Matthau dans les mêmes rôles.