De même, la connaissance du contexte et des références de la diégèse du film [1] a un impact sur l’interprétation et donc la perception. Laurent Jullier (2002) cite l’exemple de l’engouement du public français pour In the mood for love qui voit avec poésie un personnage, au ralenti et en musique, « descendre acheter une soupe de nouille dans une gargote la plus proche dans un pot de chambre » ; ce même public verrait sans doute avec moins de romantisme son pendant français correspondant à l’achat d’un sandwich dans un bar-tabac. La perception cinématographique s’appuie sur des clichés et des préjugés qui constituent un fond cohérent et personnel à lecture du film (Esquenazi, 2003). C’est pourquoi sous réserve de partager ces présupposés, des publics distincts peuvent partager une même interprétation. Martin Lefebvre (1997) cite la référence à la scène de la douche de Psychose qui revient en tête de tout spectateur ayant vu le film dès qu’un trait de cette scène apparait dans un film à suspense. Dans Les aventuriers de l’Arche perdue, le combat avorté entre Indiana Jones et l’homme au sabre ne fait sourire que si le spectateur a en tête et anticipe le recours au schéma des duels épiques entre le héros et son ennemi.
[1] - Jullier Laurent (2002), Qu’est-ce qu’un bon film ?, La Dispute
[2] - Esquenazi Jean-Pierre (2003), Sociologie des publics, Repères, Éditions La découverte