Il y a 20 ans tout juste sortait Goodbye Lénine !, l'un des rares films allemands du 21ème siècle à s'être imposé largement au-delà de ses frontières, aux box-office comme en termes de récompenses. le second est la Vie des autres qui sortira trois ans après. Tous deux ont gagné le prix du meilleur film européens, respectivement en 2003 et 2006, mais ils quelques autres points communs. |
Le paradoxe de leur succès international veut que cela vienne de deux films qui s’appuient sur un épisode très spécifique de l’histoire allemande : le passage de la RDA à l’Allemagne unifiée.
Le Botswana, un pays que peu de gens pouvaient placer sur une carte du monde. Un monde qui au cinéma se résume trop souvent au cinéma national et aux productions anglo-saxonnes.
L'unanimité autour de The dark knight est suffisamment rare pour être soulignée : réussir la synthèse entre un vrai film d’action autour d’un vengeur costumé et une puissante œuvre sur notre société malade. Épique et réflexif, en même temps.
En 1972, le Club de Rome, qui réunit scientifiques et économistes internationaux, publie le rapport Meadows sur « Les limites de la croissance » : si on ne stabilise pas la population et la croissance industrielle, le système planétaire va s'effondrer. L’impact de ce rapport fut très fort (12 millions d’exemplaires vendus !). Au cinéma, il influence la science-fiction qui se projette dans le futur justement. Quelques films marquants proviennent de ce mouvement malthusien pour décrire un monde où les ressources naturelles sont épuisées comme Silent running (1972) Soleil Vert (1973) ou encore L’âge de cristal (1976). Chaque film propose sa solution pessimiste entre l’agriculture dans l’espace, l’anthropophagie et la durée de vie limitée.
Il y a tout juste 15 ans, alors que la préoccupation écologique s’est affirmée, le studio Pixar a repris le flambeau. Bien qu’on soit dans un dessin-animé, le constat est plus noir : l’Homme n’a pu sauver sa planète de sa surconsommation et il est parti émigré dans l’espace depuis 700 ans. Sur Terre, un dernier robot reproduit une routine programmée par les humains, mais s’avère avoir développé une conscience et être désormais capable d’exprimer des sentiments. Dans l’espace, l’humanité s’abandonne à une oisiveté assistée par la technologie, mais s’avère avoir développé une totale passivité et être désormais incapable d’exprimer son libre-arbitre. Le constat est doublement cruel sur l’écologie et la technologie. A priori. Car Pixar va s’attacher à reconstruire un message optimiste là où les films des années 70 voulaient d’abord faire prendre conscience de « la fin de l’abondance ». Le public a désormais compris, il faut maintenant passer à l’action. C’est donc sur l’apathie de l’individu que ses auteurs, Andrew Stanton et Pete Docter, s’attachent pour montrer que l'humanité est capable de changer et de sauver la planète. De même, Wall-e ne porte pas un message négatif sur la robotique et l’intelligence artificielle, la technologie pouvant être aussi la solution à nos problèmes. Pour les auteurs, la société des loisirs est un paradis qu’il faut savoir abandonner pour retrouver le sens des choses. On s’amusera alors de constater que Wall-e joue le rôle du serpent qui donne une plante, et non une pomme cette fois, pour ramener hommes et femmes sur la Terre. La genèse à l’envers. Étonnant pour la société sœur des parcs Disneyland. Au-delà de l’originalité de forme d’un début sans dialogue, là réside la véritable modernité du film que de porter un discours conciliant l’intégration des préoccupations écologiques et des risques technologiques. 15 ans plus tard, le réchauffement climatique est devenu une réalité incontestée et l’intelligence artificielle générative s’invite dans nos débats éthiques et économiques. Espérons qu’il nous faudra cette fois moins de 700 ans pour agir collectivement.
Le match entre Barbie🧍♀️et Oppenheimer💥 relève de la contre-programmation. Barbie est un film pétillant et féministe qui joue la carte du divertissement traquant une audience jeune et féminine (à 75% le 1er jour) tandis qu’Oppenheimer est une œuvre édifiante sur la sombre histoire américaine (bombe A, Maccarthysme) destinée à un public plus âgé et masculin (à 70%). |
Avec le retour sur les écrans du célèbre archéologue pour une cinquième (et dernière) aventure, c'est un cycle qui s'achève. Le héros parait anachronique aujourd'hui. Pourtant Indiana Jones s'est construit dès le début comme un personnage à la fois d'une autre époque et aussi le résultat bien actuel de la cinéphilie de ses créateurs. |
Dans les années 70, de jeunes cinéastes prenaient le pouvoir. Précédemment, les grands studios contrôlaient toute la chaîne de fabrication et imposaient une certaine vision de la société. Mais la génération qui arrive alors s’est construite sur une double référence qui va donner le « Nouvel Hollywood » :
- les feuilletons télévisés qui ont forgé l’imagerie des enfants des années 50,
- la contestation des valeurs des étudiants des années 60.
Si Francis Coppola ou Martin Scorsese privilégient la seconde tendance pour aborder des thèmes jusqu’alors tabous au cinéma, George Lucas et Steven Spielberg se revendiquent plutôt comme des enfants de la télévision.
C’est Lucas qui convainc son ami de filmer une histoire inspirée des serials autour de l’Arche d’alliance à retrouver avant les nazis.
Créer à deux oblige aux compromis. Alors que Spielberg imagine un noble aventurier crasseux, Lucas veut un playboy pilleur de tombes menant grande vie. Le scénario synthétisera ces visions opposées avec la double vie du héros : professeur émérite dans le civil mais aventurier mal rasé sur le terrain.
Pour créer l’ambiance du film, les références sont nombreuses : le trésor de la Sierra Madre (1948) et le défilé de la mort (1943) pour le look d’Indy ou le Secret des Incas (1954) et Zorro (1937) pour les péripéties. Mais le ton du film est donné par un film avec Jean-Paul Belmondo et une BD belge : Spielberg se souvient avoir apprécié L’homme de Rio (1964) mais il ignore que ce film français s’inspire de Tintin. Ce n’est qu’après la sortie au cinéma que Spielberg découvrira le petit reporter belge et en achètera les droits pour en faire un film 30 ans plus tard.
Le choix d’acteur pour jouer Indiana Smith (1er patronyme du héros) ne fut pas évident. Tom Selleck d’abord envisagé dut refuser pour incompatibilité d’agenda avec la série Magnum. Harrison Ford est alors imposé par Spielberg face à un Lucas réticent à réembaucher son acteur de Star Wars. Le comédien apporte une touche old school et aussi une certaine ironie.
Cette ironie va parfaitement avec un scénario qui décrit Indiana Jones comme téméraire et gaffeur. Chaque action héroïque est contrebalancée par de l’autodérision. Un exemple : le combat au sabre qui s’annonçait épique est avorté lorsque l’archéologue sort son pistolet pour se débarrasser de son adversaire. Cette scène improvisée au tournage reste un des meilleurs gags du cinéma et s’intègre parfaitement au film.
Au final, Indiana Jones (1981) s’avère une parodie du film d’aventure des années 30 tout en restant un grand film du genre. C’est cette double lecture, premier degré et méta, qui lui permettra de clore le Nouvel Hollywood (pour un nouveau cinéma de divertissement) et de rester intemporel. La marque d’un chef d’œuvre, indéniablement
Il y a trente ans, le 11 juin 1993, sortait aux Etats-Unis Jurassic park qui allait faire basculer l'histoire des effets spéciaux dans l'ère digital. Un film qui fait écho à la filmographie du créateur de E.T.
Steven Spielberg était alors le wonder boy du box-office cumulant les succès depuis une vingtaine d’années. Il s’était fait connaître en concevant, à 24 ans, un téléfilm, adapté d’une courte nouvelle parue dans Playboy, qui voyait un automobiliste lutter pour sa survie face à un camion hostile et anonyme : Duel .
L’’accueil fut tel qu’Universal décida de l’exploiter au cinéma en Europe. Le studio le proposa au premier festival du film fantastique d’Avoriaz (présidé par René Clément, le réalisateur de Jeux interdits) où il gagna le Grand Prix. Le décor désertique renvoie à l’univers du western d’un affrontement entre le bien et le mal dans un monde sauvage.
Déjà le cinéaste américain pose les bases de son cinéma : l’homme ordinaire (le héros s’appelle d’ailleurs « Mann ») confronté à une situation extraordinaire. Ici un monstre mécanique via un énorme camion citerne.
Il reprendra ce même principe trois ans plus tard en adaptant le livre Jaws (« Les dents de la mer » en français), toujours pour Universal. Si dans le roman, le personnage principal est arrogant, vulgaire, et même lubrique, il devient un américain moyen, sympathique et attaché à sa famille qui s’imposera comme le véritable héros à côté, pourtant, de deux spécialistes de la mer (un pêcheur et un océanographe). Ce qui intéresse Spielberg dans ce roman, c’est la seconde partie où les protagonistes luttent pour leur survie, seuls sur un bateau au milieu de l’ocean vide et sauvage : pour une chasse extraordinaire. Ici un monstre aquatique via un grand requin blanc.
Et donc en 1993, Spielberg remet ça avec Jurassic Park. Cette fois encore, il y a à l’origine une œuvre littéraire préalablement, un roman écrit par Michael Crichton avec qui le réalisateur coopérait sur la série Urgence. Il a donc accès au roman avant sa parution. Et Universal et Spielberg (co-producteur également) n’hésitent pas à débourser 1,5 M€ pour en acheter les droits. Il change le héros hâbleur et baroudeur en un introverti récalcitrant à grimper aux arbres, plus conforme à son idée de l’américain moyen auquel le spectateur pourra s’identifier lorsqu’il luttera pour sa survie. Le film place les protagonistes sur une île isolée et encore sauvage pour une traque inversée. Ici le chasseur est un monstre préhistorique via un tyrannosaure rex.
Dans Rencontre du troisième type, écrit par Steven Spielberg lui-même, un personnage décrit ainsi les personnes qui ont reçu le message extraterrestre : « ce sont des gens ordinaires dans des circonstances extraordinaires ». Il utilisera ce même procédé avec E.T.. Sauf que ces « gens ordinaires » sont alors un alien abandonné à trois millions d’années lumière de chez lui. Ici face aux pires monstres de l’univers, les humains.
|
Il y a juste un siècle Fritz Lang et son épouse Thea von Harbou imaginent le premier robot prenant apparence humaine, en l’occurrence d’une femme. Déjà le danger de l’IA est là, même s’il faudra attendre presque 25 ans et les travaux de Alan Turing - héros du film Imitation game - pour que les premiers travaux scientifiques s’organisent autour de la recherche pour imiter l’intelligence humaine, voire de la dépasser.
Le cinéma de science-fiction sera friand de cette capacité projetée des ordinateurs. Il s’agit au début d’assister l’Homme (comme dans Planète interdite en 1956). Mais les scénaristes en perçoivent le potentiel dramatique : le robot d’abord docile se révolte comme dans Westworld (le film, 1973) puis plus tard dans Alien, Terminator, I Robot et même Avengers (Ultron).
Déjà Hall900, l’ordinateur de bord de 2001 : l’Odyssée de l’espace (1968), devenait un danger. Car l’IA n’a pas besoin d’être humanoïde pour être dangereuse. Dans Wargames (1983), c’est un PC de gamer raccordé à l’ancêtre d’internet qui s’apprête à lancer une guerre nucléaire, par jeu. Moins réalistes, les univers japonais de Ghost in the shell (1995) et américain de Matrix (1999) montraient un monde où le code prenait le pouvoir à l’image de Tron (1982), premier film en image de synthèse.
Mais les meilleurs films ont plutôt utilisé ce thème pour aller challenger ce qui fait la conscience humaine en confrontant l’Homme à sa copie numérique. C’est au cœur de :
- Blade runner et ses replicants voulant juste vivre au-delà de leur date de péremption (« tous ces moments se perdront dans le temps… comme les larmes dans la pluie »),
- Electric dreams et son ordinateur amoureux (« Qu’est-ce qu’un rêve ? »),
- I.A. et son humanoïde rêvant d’être aimé comme un vrai petit garçon (« Je ne suis pas un jouet ! »),
- Ex-machina et sa femme-objet voulant échapper à ce statut (« n’est-ce pas étrange de créer quelque chose qui vous déteste ? »),
- Wall-e et son émouvant robot (« pendant 700 ans, il a fait ce pourquoi il a été programmé, il va enfin découvrir sa véritable destinée »),
- Westword - la série - et ses « hôtes » désirant rencontrer leur créateur (« certaines personnes choisissent de voir la laideur de ce monde, sa confusion. Je choisis d’en voir la beauté. Pour croire qu’il y a un sens à nos vies »).
Et lorsque l’humain comprend que l’intelligence artificielle ne s’avère n’être qu’une machine, c’est le héros de Her qui déprime… après avoir enfin connu une « vraie relation ».
Décidément, voilà un sujet bien compliqué. Humainement
Parangon du blockbuster ayant généré tout un univers fictionnel et des produits dérivés bien réels, Star wars a pourtant commencé de façon modeste cinq ans avant sa sortie et ses influences sont encore plus anciennes chez les jeunes Lucas. Quelle ironie pour un film qui aura tant influencé les générations futures et l'histoire du cinéma. |
À l’origine, George Lucas découvre la structure récurrente des mythes et du voyage initiatique du héros pendant ses études d’anthropologie (1962/64). En 1968, il est marqué par les effets spéciaux de 2001, l’Odyssée de l’espace. En 1971, alors que son 1er film est présenté à Cannes, il tente d’acheter les droits de Flash Gordon qu’il avait découvert enfant à la télévision, mais les ayant-droits veulent alors Federico Fellini à la réalisation.
C’est en attendant la sortie de son deuxième film, et bientôt grand succès, American Graffiti, qu’il rédige le premier script de Star Wars. Pour l’écrire, il se souvient du film Lawrence d’Arabie de David Lean (1962) qui décrit la fédération de tribus locales pour lutter contre l’Empire britannique et il en gardera aussi les déserts de la future planète Tatooine et l’un de ses acteurs, Alec Guinness, qui deviendra Obi-wan Kenobi. Quant à la princesse et aux deux droïdes, ils proviennent du souvenir de la Princesse Yukihime et des deux paysans de la Forteresse cachée d’Akira Kurosawa (1956).
Alors qu’Universal et United Artists avaient refusé le script, la Fox accepte de financer sa transformation en scénario : plusieurs versions se succèdent en 1974 et 1975. On y trouve le général Starkiller en héros de la 1ère version, puis son fils Luke devient le protagoniste principal des versions ultérieures, sauf dans une version intermédiaire où Luke est envisagé en fille. En août 1975, on est enfin assez proche de la version finale (on cherche encore un « cristal de Kiber »). On y lit pour la première fois « Que la force soit avec toi ». À cause d’une réduction de budget, le scénario est simplifié : Leïa n’est plus enfermée à la prison d’Aldorande, mais sur l’Étoile noire.
Pour le Casting, Lucas reçoit Kurt Russell (Luke), Jodie Foster ( Leila), Burt Reynolds et Christopher Walker (Solo). Ayant abandonné le métier d’acteur faute de rôle, Harrison Ford fait lui-même passer une cinquantaine d’auditions pour le rôle de Han Solo avant que Lucas ne le retienne alors qu’il voulait éviter de reprendre un acteur d’American Graffiti.
Le tournage commence en mars 1976 et dure quatre mois. C’est en plein tournage que le réalisateur choisit de sacrifier Kenobi, modifiant encore le scénario. Pour les effets spéciaux, il faut innover. Il sollicite les premières images 3D sur ordinateur pour simuler l’attaque finale lors du briefing des rebelles. La post-production prend du retard. Le personnage de Jabba The Hunt est donc sacrifié au montage pour éviter de finalisé la scène ; il sera réintégré 20 ans plus tard dans l’Édition spéciale.
Il manque encore la musique. Lucas la veut symphonique. Spielberg lui recommande pour ça John Williams qui a œuvré sur les Dents de la mer. Elle sera écrite en deux mois en utilisant des leitmotivs musicaux.
La guerre des étoiles sort le 25 mai 1977. La suite appartient à l’histoire.
Son impact dépassa les frontières françaises avec une adaptation en Inde, en Grèce et aux Etats-Unis (où Spielberg s’intéressa un temps à en acheter les droits). Dans le film américain, The diner, il y a un changement majeur : les protagonistes vont réellement au diner de cons. Terrible erreur de penser que la réussite venait du concept et non de la qualité et du rythme des dialogues ! Certains sont rentrés dans la culture populaire :
- « Et voilà, on a les droits, houuu, ... et pour pas cher, à mon avis »
- « Oui, oui, il est là...très sympathique... Il a une belle tête de vainqueur »
Indéniablement, le film ressemble à du théâtre film, et pourtant Francis Veber s’est attaché à donner un rythme adapté au grand écran. Le film dure une demi-heure de moins malgré le rajout d’un prologue, de la scène du boomerang ou encore de celle de l’accident de Mme Brochant. Quelques noms changent aussi pour fluidifier les quiproquos et, contrairement à la pièce, Brochant regarde les maquettes de Pignon pour s’en moquer, accentuant ainsi la méchanceté du personnage.
Alors que c’est assez rare pour une comédie, le film gagna le César du meilleur scénario / adaptation pour cette histoire tristement inspirée de vrais dîners de cons qui existent depuis un siècle (Claude Brasseur dit y avoir été invité… du mauvais côté). Ils ont malheureusement connu un regain d’intérêt après le film.
Faites donc attention en acceptant une invitation car on est toujours le con de quelqu’un !
Pourtant le succès n’avait rien d’évident. Au contraire, avant sa sortie, la presse annonçait déjà le « naufrage » commercial d’un réalisateur ambitieux, qui se prenait pour « le roi du monde » et dépensait sans compter l’argent du studio Fox (qui dut faire appel à la Paramount pour mutualiser le risque). Imaginez un film de 3h15, sans star (Leonardo Di Caprio ne le deviendra que grâce au film) dont on connaît déjà la fin. Il lui fallait rentabiliser un budget de 200 M$, le plus élevé, même à Hollywood, de ceux qu’on ne débloquait même pas pour des franchises au succès garanti. Rien de tel ici avec ce film catastrophe en costume, a priori un brun suranné. Lorsque la sortie américaine fut repoussée de juillet à décembre 1997, ratant la période faste du box-office estival, la rumeur courut que cela était dû à de mauvais retours des premiers spectateurs.
Il n’en était rien. Juste un réalisateur exigeant désirant peaufiner sa post-production pour faire le film dont il rêvait : il l’a écrit, produit, réalisé et monté lui-même.
Malgré sa durée qui fait perdre deux séances par jour aux exploitants, le film fut un triomphe un peu partout en réconciliant des spectateurs sensibles à la qualité de sa romance aux élans de Roméo et Juliette et un public avide des émotions fortes des blockbusters hollywoodiens. Du grand spectacle familial en bref. De quoi faire venir en salles des gens qui sortent rarement au cinéma. Un succès initial qui s’est progressivement transformé en phénomène de société grâce à un excellent bouche-à-oreille. Imaginez un peu : le film a multiplié par plus de 20 son score du premier week-end (29 M€ tout de même), contre un multiple de trois habituellement, tandis qu’en France, le film attirait encore 1,2 millions de spectateurs en neuvième semaine, un score enviable même au global pour bon nombre de film. Titanic était encore en tête des entrées hebdomadaires plus de trois mois après sa sortie aux Etats-Unis comme en France. Et sa musique, emmenée par son tube chanté par Céline Dion, ne fut pas en reste en dominant les hit-parades (disque symphonique le plus vendu au monde pour la bande originale et disque de diamant pour la chanteuse canadienne).
Aux Oscars, en mars 1998, le film fit une razzia historique en gagnant 11 oscars, comme Autant en Emporte le vent, le seul film de l’histoire du cinéma avec lequel il pouvait réellement être comparé.
Ce soir là, James Cameron cria en recevant son Oscar : « I’m the king of the world ». Personne ne voulait plus le contredire.
Le film fut le plus gros succès de la période 1975/85 et constitue encore le film le plus vu au cinéma de son réalisateur pourtant habitué au box-office. Il a rapporté l'équivalent de plus de 2 Md€ de revenus au box-office mondial ajusté de l'inflation (soit le 4ème meilleur score de l'histoire du cinéma).
À l’origine, Steven Spielberg avait prévu de faire un film effrayant, avec des extraterrestres terrorisant toute une famille dans sa maison. Mais il se souvint que le metteur en scène français François Truffaut, qui observa sa direction d’acteur en tant qu’acteur sur le tournage de Rencontres du troisième type, lui avait conseillé de diriger des enfants.
Il retint le conseil pour l’écriture du scénario de E.T qui devait s'appeler d'ailleurs A Boy's Life pendant la préproduction . Au passage, il lança la carrière de Drew Barrymore, 6 ans à l'époque.
Pour autant, il n’abandonna pas l’idée puisqu’il l’utilisa pour produire (et réaliser, dirent certains) Polstergeist, Un autre grand succès de l’année 1982.
Alors que les suites sont devenues la norme à Hollywood, Steven Spielberg, qui en détient les droits via sa société Amblin, a toujours résisté.
Pour garder le côté unique de ce « petit » film inégalé.
Le cinéma est, lui, un métier de prototype où le studio prend un risque à chaque nouveau film : il faut donc une taille critique pour assurer un risque statistique d’échecs et de succès. Comment quelques succès remboursent de nombreux échecs ? Comme le cinéma est une activité de charges fixes, pour le producteur, une fois le film amorti, son chiffre d’affaires devient du bénéfice. À l’inverse, les échecs sont rarement très coûteux, car pour être lancé, un film est souvent préfinancé à l’exclusion de la part producteur qui s’approche en théorie de 15%. Le film de cinéma a longtemps bénéficié d’une exploitation complémentaire rentable avec la vidéo, mais désormais ce marché s’atrophie (division par quatre en 10 ans en Europe). L’amortissement d’un film de cinéma s’en trouve complexifié.
Les profils de risque de ces deux activités sont donc très différents. De fait, le financement d’une plateforme de streaming ayant atteint une taille critique est plus facile à amortir qu’un studio de cinéma. C’est pourquoi le cinéma mondial a tant de mal à subsister à l’exception notamment des États-Unis (amortissement des productions sur le marché international), l’Inde/la Chine (marché domestique sans concurrence international pour raison culturelle ou réglementaire) et la France (système subventionné via une taxe sur les billets et une obligation d’investissement des chaînes de télévision). Pour financer sa trésorerie, le cinéma se finance via l’escompte court terme de contrats d’exploitation (télévision, à valoir export) alors que le streaming peut recourir plus facilement à du financement moyen terme (M&A jusqu’à la rentabilité, puis du financement bancaire).Cliquez ici pour modifier un élément..
Avec le vieillissement de leurs acteurs iconiques respectifs, la question pourrait se poser aussi pour Indiana Jones et Rambo (mais n’est-ce pas déjà un peu le cas avec Lara Croft ?). Par le passé, Jack Ryan, Spock, Sarah Connor, Hannibal Lecter, Sherlock Holmes, Frankenstein, Dracula, Willy Wonka, Robin des bois, Batman, Superman et autres Spider-man ont tous changé d'acteurs. Mais ils sont tous restés dans l'épure du personnage original.
Mais ce parcours se poursuit pour le spectateur par le choix de la place qu’il privilégiera dans la salle pour s’asseoir. On considère que les meilleures places ne sont ni trop près (fatigue oculaire d’un espace visuel rempli obligeant à tourner la tête), ni trop loin (écran proportionnellement petit et détails non visibles). Les spécialistes recommandent de pouvoir garder un angle de vue en verticalité de 35° et en horizontalité de 36° minimum (pour les places du fond) et 90% maximum (pour les places devant), ce qui est souvent plutôt au centre (pour les salles carré) ou vers l’avant (pour les salles toute en longueur). Les places trop proches de l'écran souffrent aussi de laisser à voir les trous dans l'écran pour le passage du son avant. Le son est également étudié pour être optimisé au centre à environ un tiers de la longueur en venant du fond. Mais chaque salle a son réglage et il arrive que l'optimum de l'image ne corresponde pas à celui du son. Pour autant, la zone centrale, à 2/3 de l'écran (et jamais en lateral), serait à privilégier.
On pourrait penser qu’une certaine rationalité pour celles qui offrent la meilleure image et le meilleur son, les critères s’avèrent là aussi bien plus complexes.
Il est l'auteur d'une thèse sur "l'itinéraire de l'évaluation d'un film par le spectateur au cinéma", anime des conférences et a été le Président de la Commission Cinécole 2016.
Parallèlement, il est en charge du digital et de l'innovation dans une grande banque française.
Les publications
Le point de vue
Le degré de satisfaction est le résultat d'un processus qui commence avant la projection et s'achève bien après celle-ci. C’est un parcours personnel et social qui conduit le spectateur à rencontrer trois œuvres : le film attendu, le film interprété et le film-souvenir. Ce blog propose des réflexions autour de ces trois représentations qui mettent en jeu les schémas personnels du spectateur et les influences externes auxquelles il est soumis.
Articles les plus lus
- L'ordre pour voir Star wars
- L'histoire d'IMDb
- Le cinéma érotique
- La la Land (critique)
- Les clichés au cinéma
- Popcorn et cinéma
- Les genres cinématographiques
- Les suites improbables
- Blade runner : origine du culte
- Le Grand Rex
- L'histoire du studio Pixar
Les catégories
Tous
Affiches
Après La Projection
Art
Billet
Box-office
Cannes
Choix Du Film
Classement
Contexte
Erotique
Exploitation
Film
Il était Une Fois
Making Of
Musique
Pendant La Projection
Production
Promotion D'un Film
Réalité Virtuelle
Star Wars
Succès
Suite / Remake
Vidéo
Zecinema
Les Archives
Octobre 2024
Septembre 2024
Août 2024
Juin 2024
Mai 2024
Avril 2024
Mars 2024
Février 2024
Janvier 2024
Décembre 2023
Novembre 2023
Octobre 2023
Septembre 2023
Août 2023
Juillet 2023
Juin 2023
Mai 2023
Avril 2023
Janvier 2023
Décembre 2022
Septembre 2022
Mai 2019
Avril 2019
Mars 2019
Février 2019
Janvier 2019
Décembre 2018
Novembre 2018
Octobre 2018
Septembre 2018
Août 2018
Juillet 2018
Juin 2018
Mai 2018
Avril 2018
Mars 2018
Février 2018
Janvier 2018
Décembre 2017
Novembre 2017
Octobre 2017
Septembre 2017
Août 2017
Juillet 2017
Juin 2017
Mai 2017
Avril 2017
Mars 2017
Février 2017
Janvier 2017
Décembre 2016
Novembre 2016
Octobre 2016
Septembre 2016
Août 2016
Juillet 2016
Juin 2016
Mai 2016
Avril 2016
Mars 2016
Février 2016
Janvier 2016
Décembre 2015
Novembre 2015
Octobre 2015
Septembre 2015
Août 2015
Juillet 2015
Juin 2015
Mai 2015
Avril 2015
Mars 2015
Février 2015
Janvier 2015
Décembre 2014