Et l'avenir se présente bien puisque fort de ces rentrées financières et de très belles perspectives, le studio n'a pas hésité à acquérir le studio 21th century Fox. Avec cette acquisition, ce seront les franchises Avatar, Alien, X-men qui viennent chez Mickey. D'ailleurs, en 2017, Avatar est déjà venu enrichir les attractions de Disneyworld en Floride. Et les six premiers Star Wars étaient sortis avec le logo de la Fox. Une façon de se préparer à affronter les nouveaux géants de l'audiovisuel que sont les plateformes de streaming et leur capacité à investir 6 Md$ par an dans les contenus. On a vu à Cannes la crainte qu'elles substituent la consommation cinématographique en salles lors de la sélection officielle de Okja. Disney a donc décidé de créer sa propre plateforme en gardant ses productions en exclusivité, enlevant ses productions de chez Netflix et mettant une croix sur les 385 M$ que cette plateforme lui versait annuellement. Le studio pourra s'appuyer sur la plateforme Hulu acquise dans l'opération Il aura donc les produits d'appel pour se lancer avec ambition. La lutte sera passionnante à partir de 2018.
D'ailleurs The Birth of a nation avait failli être l'un des favoris des derniers Oscars. Le film avait reçu un très bel accueil jusqu'à ce que son réalisateur soit accusé de viol. Il a alors été alors complètement oublié des compétitions. C'est une affaire comparable qui a englouti l'autre grand studio produisant de nombreux films d'auteur américains : The Weinstein company. Son créateur, Harvey Weinstein, a été pris dans une affaires de mœurs d'une ampleur bien plus grande (entre le 5 octobre et fin 2017, ce sont plus de 70 femmes qui l'accusent d'harcèlement, voire de viol). Mais sa société de production n'a rien produit de significatif depuis Django Unchained de Quentin Tarantino. Depuis, les langues se sont déliées et les scandales se sont succédé. Il a même fallu effacé Kevin Spacey de Tout l'argent du monde (soit en retournant les scènes, soit par ajout numérique du visage de Christopher Plummer) pour que le film se mette à l'abris d'un boycott des spectateurs. Hollywood ne sera-t-il plus jamais le même ?
Certaines actrices comme Jennifer Lawrence avait fait entendre leur voix pour demander des salaires comparables à ceux des hommes. Mark Wahlberg et Dwayne Johnson ont tout de même touché plus de 65 M$ quand Emma Stone, l'actrice la mieux payée, n'en gagnait "que" 26 M$ malgré le triomphe de La la land. Le film de Damien Chazelle a été le grand gagnant de la moisson des prix 2016/2017, s'imposant comme un classique instantané. L'Oscar raté du meilleur film au profit de Moonlight aura autant marqué les esprits que si le film avait gagné comme au Golden Globes et Bafta. La critique sur ZeCinema ici.
Parmi les films de studio, un ovni signé Christopher Nolan, Dunkerque, inaugure le blockbuster d'auteur avec sa narration éclatée, sa quasi absence de dialogues et un scénario à l'intrigue minimaliste. La Planète des singes : suprématie constitue également une illustration que les studios hollywoodiens peuvent produire des blockbusters de qualité même en suivant des recettes déjà éprouvées. Et Blade runner 2049 a satisfait les attentes des fans du film de 1982 dans un film un peu trop long (de l'avis même de Ridley Scott). Le cinéma américain sait aussi fabriquer des films originaux exigeants tant au niveau esthétique comme pour Nocturne animals que sur le fond avec American honey. Et sur le tableau d'honneur, il faut citer The Forida project, Call me by your name et The Big sick.
Et une partie significative de la créativité américaine provient désormais de la télévision. David Lynch a fait du neuf avec du vieux en proposant la troisième saison de Twin Peaks (le préféré des Cahiers du cinéma pour 2017 devant Jeannette, l'enfance de Jeanne d'Arc).
En France, la réussite est venue du Sens de la Fête qui concilie six ans après Intouchables l'émotion et le rire avec le succès critique et public. Chapeau au duo Nakache et Toledano ! Et Au revoir là-haut a su lui concilier spectaculaire et réflexion et créativité dans un film populaire, dans le bon sens du terme. Une très belle adaptation. Au total, les films français ont représenté 37% des entrées., dans la bonne moyenne de ces dernières années.
Dans un tout autre genre, la Chine a fait parler d'elle en produisant le plus gros succès de son histoire : Wolf Warrior 2 a rapporté 854 M$ sur le seul territoire chinois (i n'a pas fait grand chose ailleurs) démontrant la capacité de la Chine à produire ses propres blockbusters. C'est 300 M$ de plus que son dauphin sorti l'an dernier. Une illustration que le marché chinois est devenu le premier marché du monde même si sa production locale reste locale.
Peut-on désormais affirmer que le cinéma est vraiment mixte ou reviendra-t-on vers un cinéma andro-centrique ?
Box-office USA (en $ de recettes)
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Box-office France (entrées France)
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