Pourtant le box-office français de l'année n'a pas bénéficié de locomotive comme Star wars 7 (la majorité de son succès a bien été construit en 2015) ou Jurassic World. Au contraire, en 2016, aucun film n'a dépassé les 5 millions d'entrées sur l'année calendaire. Ce seuil sera atteint finalement par les deux leaders en continuation sur 2017 : Vaiana et Rogue One.
On se réjouira de trouver un film comme The revenant à la 4ème place avec 3,8 millions d'entrées. Pour un auteur comme Alejandro Iñárritu, c'est une belle consécration. Même pour Leonardo Dicaprio, enfin oscarisé, c'est un très beau score puisqu'il n'avait fait mieux qu'avec James Cameron, Christopher Nolan et Quantin Tarantino. De même, Tarantino prouve qu'un auteur peut se constituer un public fidèle, même avec un western de près de 3 heures : Les 8 salopards a été vu par 1,8 million de spectateurs en France.
A l'inverse, en 2017, les suites ont eu la vie belle et le chiffre-vedette a été "trois" : Captain America 3, Kung Fu Panda 3, Divergente 3, Ghostbusters 3, Bridget Jones 3, American nightmare 3, Ip man 3, Houseful 3, Les visiteurs 3, Camping 3 ... (nous ne comptabilisons pas Brice 3 ... qui est le 2 !).
En Inde, c'est l'an dernier qu'un nouveau champion du box-office local était sorti : La légende de Baahubali (1ère partie). Mélange d'épopée mythologique et d'heroïc fantaisy, ce film impressionnant a été rapidement exploité en France cette année. Une suite est prévue pour 2017.
Disney a dominé l'année comme aucun studio ne l'avait fait avant lui. Ses films ont cumulé plus de 25% du box-office américain (ce n'est que le seconde fois qu'un studio représente plus d'un cinquième des recettes annuelles). Sa politique de rachat d'univers à exploiter a fonctionné à plein : Star wars donc (Rogue one sera le plus gros succès aux Etats-Unis), mais aussi Marvel et Pixar (le Monde de Dory). Même la structure historique a retrouvé de son dynamisme avec l'influence de Disney sur la branche animation (Vaiana, la légende du bout du monde et Zootopia) et la poursuite de sa démarche de faire des films-live de ses classiques animés (Le livre de la jungle et Peter & Elliott le dragon). Résultat historique, le studio Disney rafle les cinq plus gros succès de l'année au box-office mondial :
- Captain America : Civil war (1.154 M$)
- Rogue one (environ 1.100 M$ - en cours)
- Le monde de Dory (1.028 M$)
- Zootopia (1.023 M$)
- Le livre de la jungle (967 M$)
Et encore, ces succès ont été quelque peu altérés par le piratage puisque les films les plus souvent téléchargés cette années sont Deadpool, Batman vs Superman et Captain America : Civil war.
Les studios ont également décliné quelques univers merveilleux, des adaptation Assasin's creed et Warcraft (qui a connu un triomphe en Chine) au retour du monde de J.K. Rowling avec Les animaux fantastiques ou un 13ème Star Trek. Côté univers particulier, Tim Burton a apporté sa nouvelle contribution avec Miss Peregrine et les enfants particuliers tandis que Matt Ross imposait son regard personnel sur la famille de Captain fantastic.
L'inspiration est aussi venue de remakes inattendus : Les 7 mercenaires (succès) et Ben-Hur (échec). Ou de Biopics de héros modernes par des réalisateurs reconnus : Steve Jobs (Danny Boyle) et Snowden (Oliver Stone). Ou de livres à succès : La fille du train (thriller) et Le Bon Gros Géant (merveilleux). Ou des retours que l'on attendait plus : Bridget Jones (vieillie) et SOS Fantômes (féminisé). Ou de jeux pour enfants : Max Steel (live) et Angry birds (animé). Ou de l'actualité présidentielle : Michael Moore in Trumpland (Trump) et First date (Obama).
Pour frissonner un peu, il fallait aller du côté de la Corée du Sud avec le film d'action réussie Dernier train pour Busan, le thriller The strangers et le mélodrame Mademoiselle. Du côté US, le slasher de l'année est sans doute le malin Don't breath.
Le Chili s'est fait remarquer en mettant ses poètes à l'honneur, avec Pablo Larraín et son classique Neruda quand Alejandro Jodorowsky a raconté sa vie dans Poésie sans fin (dont on retiendra surtout la première partie). Le Brésil a apporté le beau Aquarius qui n'a pas pu représenter son pays aux Oscars pour raison politique alors que l'Italie nous a apporté un peu de fraîcheur avec Folles de joie de Pavlo Virzi, gagnant de Cinécole 2016.
En France, le cinéma a été dynamique avec pas mal de bonnes surprises. Evolution, Divines,Ma loute, Elle ou encore Comancheria. François Ozon s'est rappelé qu'il était un réalisateur qui compte avec son Frantz en Noir & Blanc.
Dans un genre plus populaire, Christophe Barratier a réussi son Outsider sur l'affaire Kerviel en trouvant le ton juste, ce qui n'était pas si facile. Côté comédie, on a bien ri avec L'effet Aquatique de la regrettée Solveig Anspach et au décalé Voyage au Groenland avec ses deux Thomas. Au final, beaucoup de comédies, mais pas grand chose de mémorable. On constatera quand même que Les Tuches 2 (4,6 millions) a fait déplacer trois fois plus de spectateurs que l'original et s'est avéré le plus gros succès d'un film français en France.
Omar Sy est devenu la personnalité préférée des français en juillet. Si Inferno, la troisième adaptation des romans de Dan Brown a été un échec, il n'a pas affecté le capital sympathie de l'acteur en France. Il a su concrétiser en succès deux films pas si évidents : Chocolat (1,9 million d'entrées) et surtout Demain tout commence (plus de 3 millions).
L'émouvant Ma vie de courgette (Franco-suisse), le joli Ballerina (franco-canadien) et le poétique La tortue rouge (franco-belge) : le dessin animé francophone sort en forme artistiquement après une période plus difficile : Adama (65 000 entrées), Dofus (84 000), Avril et le monde truqué (117 000), Phantom Boy (151 000) et Tout en haut du monde (200 000). Ils souffrent souvent d'une vision moins grand public et d'un budget promotionnel moins élevé pour résister à la déferlante des studios américains sur ce créneau. Surtout que les américains ont été prolixes dans ce domaine : outre les dessin-animés Disney et Pixar, Illumination entertainment a proposé Comme des Bêtes, très gros succès commercial, et Laika Entertainment a produit Kubo et l'armure magique, très apprécié des spectateurs et critiques. Pour autant, le plus beau dessin animé est peut-être venu du Japon avec Your name qui y a été un très gros succès.
Et les adultes ont eu Sausage party, film d'animation irrévérencieux, qui a résisté à une tentative d'une association conservatrice de le faire interdire aux moins de 16 ans.
Aux Etats-Unis, la fin de l'année voit sortir naturellement les favoris pour les Oscars : La-la land et Manchester by the sea en tête. Mel Gibson a rappelé que, s'il n'était pas vraiment fréquentable, il demeurait un cinéaste de premier plan avec Hacksaw Ridge. Sully, Fences, Premier contact, Hunt for the Wilderpeople et Nocturnal animals ont leurs adeptes aussi comme Naissance d'une nation qui pâtira surement des accusations de viol contre son réalisateur. La plupart de ces films ne seront sur les écrans français qu'en 2017.
De quoi faire suite aux émotions des Oscars précédents issues de Room et Spotlight sortis en France cette année. On peut donc être confiant pour l'an prochain.