Compte tenu que le sexe cessait d'être un tabou, la question de sa représentation à l'écran prenait une nouvelle dimension. La pornographie en image animée n'était pas nouvelle : on dénombre quelques vues de ce type dès 1907, mais leur diffusion, clandestine, n'avait rien de publique [1]. La suède fut la première à autoriser de montrer des images sexuelles au cinéma, d'abord sous couvert d'un aspect pédagogique (Je suis curieuse en 1967) alors que l'Allemagne connut deux très gros succès avec les moins explicites, mais pseudo-pédagogiques Helga, de la vie intime d'une jeune fille et sa suite Helga et Michael (4,1 et 1,7 M de spectateurs français). Le Danemark, puis les Pays-Bas, abolissent la censure en 1969.
Les comédies érotiques devenaient courantes, donnant ainsi une certaine distanciation à la présentation du sexe à l'écran. Jean-François Davy fut l'un des premiers en France à se donner un brin d'ambition dans le domaine.
- Derrière la porte verte - Behind the green door (1972) des frères Mitchell propose l'initiation d'une girl next door. Le film bénéficiera de quelques bonnes critiques et d'une projection au Festival du film américain de Deauville en 1975. (56.000 entrées France).
- Gorge profonde - Deep thoat (1972) de Gérard Damiano met en scène une Linda Lovelace aux talents buccaux inédits : le film coûta 25.000 $ et aurait rapporté 50 M$ de l'époque, en faisant l'un des films les plus rentables de l'histoire du cinéma (c'est toujours le plus gros succès en salles de l'érotisme hard). Des cinéma ordinaires se sont mis alors à diffuser le film pour toucher une public plus large. (552.000 entrées France)
- L'enfer pour miss jones - Devil in miss Jones (1973) de Gerard Damiano évoque une intrigue pseudo-métaphysique d'une femme qui se suicide d'ennuie et vend son âme au diable. Une séance hors compétition eut lieu au festival du film fantastique d'Avoriaz 1975 et le film bénéficia de critiques très favorables [3]. 102.000 spectateurs.
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[2] - Editorial du 15 mars 1968 dans le quotidien Le Monde : " La jeunesse s'ennuie. Les étudiants manifestent, bougent, se battent en Espagne, en Italie, en Belgique, en Algérie, au Japon, en Amérique, en Egypte, en Allemagne, en Pologne même. Ils ont l'impression qu'ils ont des conquêtes à entreprendre, une protestation à faire entendre, au moins un sentiment de l'absurde à opposer à l'absurdité. Les étudiants français se préoccupent de savoir si les filles de Nanterre et d'Antony pourront accéder librement aux chambres des garçons, conception malgré tout limitée des droits de l'homme. (…) Seuls quelques centaines de milliers de Français ne s'ennuient pas : chômeurs, jeunes sans emploi, petits paysans écrasés par le progrès, victime de la nécessaire concentration et de la concurrence de plus en plus rude, vieillards plus ou moins abandonnés de tous. Ceux-là sont si absorbés par leurs soucis qu'ils n'ont pas le temps de s'ennuyer, ni d'ailleurs le cœur à manifester et à s'agiter " (Pierre Viansson-Ponté)