Si les scénarios tournent souvent autour de 20 intrigues-types, les films sont construits néanmoins pour apporter leur part d'originalité. Pourtant, les distributeurs s'obstinent parfois à mettre en avant la gémellité de certains films, malgré eux ou non, avec des intrigues comparables ou des titres similaires. Parfois les deux !
Il est difficile de trouver un bon titre pour un film. C'est le premier élément de promotion d'un film. Il doit souligner le genre du film, apporter un élément sur le thème et surtout donner envie. Après quelques dizaines de milliers de films, on comprend que ce soit toujours plus compliqué d'être original. Mais comme le nombre de films qui bénéficient d'une sortie nationale approche plutôt les 200 par an, il n'est pas si difficile d'éviter les confusions en cours d'année.
On sait que certains distributeurs recherchent cette confusion pour tirer profit de la notoriété d'un autre film qui a connu le succès. On rappellera que le studio The Asylum tenta de sortir un film intitulé Age of Hobbits, mais comme il fut démontré que 48% du public était induit en erreur sur le lien avec la franchise des films de Peter Jackson, une décision de justice obligea le producteur à le sortir finalement sous le titre Clash of the Empires (La légende des mondes en vf).
On sait que certains distributeurs recherchent cette confusion pour tirer profit de la notoriété d'un autre film qui a connu le succès. On rappellera que le studio The Asylum tenta de sortir un film intitulé Age of Hobbits, mais comme il fut démontré que 48% du public était induit en erreur sur le lien avec la franchise des films de Peter Jackson, une décision de justice obligea le producteur à le sortir finalement sous le titre Clash of the Empires (La légende des mondes en vf).
Pour les films de studio, la règle est de marquer son originalité, au moins dans le titre. On constatera l'originalité de certains (Faut pas prendre les enfants du Bon Dieu pour des canards sauvages de Michel Audiard), la poésie décalée d'autres (Il était une fois dans l'Ouest) ou les jeux de mot involontaires (Saw 6 en vf).
Mais ce n'est pas chose si facile quand on traite du même sujet, voir exactement de la même histoire. En 2011, le cinéma français se souvient de la sortie à une semaine d'intervalle de deux versions de La (nouvelle) guerre des boutons (respectivement de Yann Samuell et de Christophe Barratier) : ça s'est fini par un match nul au box-office (chacun 1,5 M de spectateurs), ce qui n'est pas si mal, mais il est certain qu'ils se sont faits de l'ombre... et de la publicité mutuelle par le buzz de l'affaire. Ce sont les studios américains qui rééditent périodiquement ce type d'accidents de distribution avec des films jumeaux. Parmi eux, il y a eu Capote/Scandaleusement célèbre, les deux biopic sur Truman Capote réalisées en 2005, Contact/Armageddon sur une météorite fonçant sur la Terre en 1998, Robin Hood, prince des voleurs / Robin des bois sur le héros de Sherwood en 1991. La liste est longue. Si les coïncidences existent, on ne peut que s'étonner des similitudes assez étranges à propos d'un cochon qui parle (Babe et Gordy en 1995), de la fille rebelle du Président américain (First daughter et Chasing liberty en 2004) et de la double adaptation en 2014 de la vie de la - pas si connue - Florence Foster Jenkins. Les dessin-animés n'échappent pas à la règle : Fourmiz et 1001 pattes en 1998 ou Madagascar et The Wild en 2005 sont des exemples connus et troublants.
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Le plus célèbre "twin film" date de 1983 où sont sortis à quelques semaines près deux aventures de James Bond sauvant le monde : Octopossy avec Roger Moore et Jamais plus jamais avec Sean Connery. Une obscure question de droit d'adaptation du roman Opération tonnerre est à l'origine de ce duel.
Mais pas la peine d'aller si loin, puisqu'en 2016, nous avons bien eu droits à deux films de super-héros qui rentrent frontalement en conflit On peut même dire qu'il y a eu une accélération depuis quelques années des films jumeaux : |
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Année
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Film 1
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Film 2
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2012
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2013/2015
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2013
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2013
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2013
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2014
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2015/2016
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2015
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2016
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2016/2018
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Il existe un autre phénomène, plus rare de confusion pour le spectateur : lorsque le distributeur décide finalement de reprendre le même titre qu'un autre film. C'est normal quand c'est un remake. C'est admissible lorsque les films sortent à des époques très différentes comme ce sera le cas prochainement avec un Naissance d'une nation qui essaie de faire oublier le racisme du film de 1913 de D.W. Griffith. C'est anecdotique lorsque la confusion entre les films est faible en raison de thèmes ou de genres très différents : il est peu probable que le public français confonde La vie est belle de Frank Capra (It's a wonderful life en vo) et La vie est belle de Roberto Binigni.
Le problème est plus épineux lorsque deux films ciblent le même public et sortent quasiment en même temps. C'est bien ce qui a failli se passer ce mois-ci avec deux films d'horreur. L'anomalie est purement française. Lights out est sorti aux Etats-Unis le 22 juillet 2016. Son titre original est directement repris de l'efficace court-métrage du même réalisateur, David F. Sandberg. Sa traduction française est devenue "Dans le noir". Rien d'illogique puisque ça raconte les visions d'une héroïne lorsqu'elle éteint la lumière et se retrouve donc dans le noir. Le problème est que la même semaine de la sortie française (24 août) sort aux USA le film d'horreur Don't breathe que le distributeur français a renommé initialement "In the dark" ! On y traite de trois jeunes qui cherchent à voler un aveugle (qui vit donc... dans le noir). La confusion est totale au point que, dans l'urgence, le distributeur de In the dark (Don't breathe) a finalement décidé de repousser la sortie du 14 septembre au 5 octobre et s'est contraint à revenir au titre original - sous-titré La maison des ténèbres - pour la sortie en France. Il a fallu refaire le matériel promotionnel, y compris la bande-annonce qui avait déjà été diffusée depuis le mois de mai.
Il y a eu pire en 2013. Non seulement les deux films traitaient d'un thème proche (principe des twin films), mais en plus les deux titres finalement utilisés étaient confusants. La chute de la Maison blanche (Olympus is fallen en vo) et White House down racontent tous les deux une attaque contre la Maison blanche. Le choix des titres français n'a pas été très heureux : Olympus est le surnom de la Maison Blanche. Certes le titre de chacun des deux films évoque bien leur histoire, mais comme ce sont des sujets originaux (Sic !), des choix différents étaient donc aisés. Le distributeur français de The Olympus is fallen a maintenu le risque d'erreur en traduisant implicitement Olympus par Maison Blanche. Résultat : le distributeur de White House down a gardé le titre original, ce qui crée un doute chez tout anglophone cinéphile qui connait les deux films et pense qu'il s'agit du même.
A ceux qui pensent que tout cela marque le manque d'originalité du cinéma d'aujourd'hui, on rappellera qu'Autant en emporte le vent sorti en 1939 est le jumeau de L'insoumise (Jezebel) de William Wyler sorti un an plus tôt, mais la pré-production des deux films fut simultannée : Bette Davis, dans le rôle d'une héritière, amoureuse, capricieuse et déterminée dans le sud des Etats-Unis, tente d'y oublier qu'elle n'a pas eu le rôle de Scarlett O'Hara.
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