Les miroirs sont souvent là pour éclairer la personnalité des personnages, exacerbant les stéréotypes sexistes qui ont la vie dure au cinéma. Illustration en image à travers une compilation de films mettant leur héros devant ses contradictions.
Si le cinéma est plus fort que la vie, il tente souvent d'amplifier des tendances observées par les cinéastes. C'est pourquoi il existe une sociologie du cinéma qui permet d'éclairer les faits de société sousjacents. C'est ainsi que Siegfried Kracauer illustra les tourments de l'âme germanique en observant les films de l’expressionnisme allemand dans son livre De Calligari à Hitler.
Pour qui le cinéma est un art édifiant, il est donc intéressant d'examiner les stéréotypes portés par le cinéma d'aujourd'hui. Les films ont souvent joué avec le reflet dans les miroirs (on en dénombre 190 ici). Le miroir a depuis longtemps été objet de fascination, permettant à Alice d'aller au Pays des merveilles. C'est devant son miroir que le Travis de Taxi driver montre sa folie qui le démange ("You talkin’ to me?").
Les femmes pleurent et les hommes se mettent en colère lorsqu'ils sont confrontés à eux-mêmes devant une glace. Les unes sont vulnérables et émotives quand les autres sont colériques et puissants. Voilà ce que l'on peut tirer comme conclusion sexiste en regardant des films. C'est du moins la lecture évidente de cette compilation de Joost Broeren, un monteur néerlandais, qui en tire une amusante infographie.
Le miroir permet un regard introspectif. Ce regard sur soi-même est un truchement naturel pour montrer un personnage face à lui-même, face à ses contradictions et ses faiblesses, prenant conscience de ce qu'il est ou est devenu. Mettre un miroir dans une scène est rarement anodin tant il crée de la difficulté pour le cameraman pour cacher son reflet.
Mais, comme le montre la vidéo ci-dessous, il peut heureusement aussi servir beaucoup d'autres causes pour les réalisateurs imaginatifs.
Et le spectateur de Contact ont été étonné par ce que Robert Zemeckis a pu en tiré dans une scène a priori anodine.
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Docteur en Sciences de l'information et de la communication, Laurent Darmon est devenu par cinéphilie un spécialiste de la réception cinématographique et de la sociologie du cinéma.
Il est l'auteur d'une thèse sur "l'itinéraire de l'évaluation d'un film par le spectateur au cinéma", anime des conférences et a été le Président de la Commission Cinécole 2016. Parallèlement, il est en charge du digital dans une grande banque française.
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