C'est un peu, involontairement, la démonstration de Samsung. Le fabricant coréen a voulu faire hier la preuve de son savoir-faire auprès de centaines de journalistes qui ont goûté à une vidéo en réalité virtuelle de leur dernier produit sans voir qu'à côté d'eux marchait vers la scène le créateur de Facebook, une icône pour les Geeks.
Au grand désespoir de Samsung, l’événement a éclipsé leur produit et donné des arguments à ceux qui annoncent les risques de la réalité virtuelle. La passivité des spectateurs pendant son apparition a tranché avec l'animation qui a agité les participants quand ils ont compris la surprise qu'on leur avait préparée.
Avec la réalité virtuelle, le spectateur vit le spectacle autrement. C'est ce qu'avait démontré François Theurel - connu aussi comme le Fossoyeur des films - dans sa thèse [1]. Dans son étude de l'impact du numérique sur l'expérience spectatorielle, il conclut de façon prophétique :
Le régime numérique semble également pour les spectateurs et/ou les festivaliers de cinéma être marqué, dans ses spécificités, par une distinction croissante opérée entre « l’expérimenter ensemble » et le « voir ensemble » cinématographiques. Le développement de cette dimension du « expérimenter ensemble » en régime numérique relève principalement d’un double floutage des frontières accentué par les usages des outils numériques : à la fois floutage des frontières effectives des œuvres et floutage des frontières de l’expérience collective au sens large.
[…] Le floutage des frontières effectives de l’expérience des individus relève […] du chevauchement d’un nombre croissant d’espace‐temps différents mais complémentaires en situation collective, à travers l’usage des relais numériques individualisés. Il devient ainsi plus difficile d’identifier ce qui est dans et ce qui est hors de l’expérience collective.