L'époque où la cinémathèque ne diffusait que quelques obscurs chefs d'œuvre bulgares en complément d'une programmation dévolue à Yasujiro Ozu et Dziga Vertov est révolue. L'institution s'est ouverte à d'autres moyens de mise en valeur du patrimoine cinématographique depuis son rapprochement avec la BIFI (Bibliothèque du Film). Le 10 avril, sera projeté Le jouet de Francis Veber, une plaisante comédie qui fait aimer le cinéma justement.
Le Jouet est un film de son époque. Il traduit bien une société "giscardienne" avec ses grands patrons confortées par la politique de Pompidou, les débuts de la crise économique et la guerre des classes exacerbée par les manifestations de la fin des années 60. C'est aussi les débuts d'un nouveau genre comique auquel le Francis Veber scénariste a participé avec son interprète Pierre Richard et sa candeur presque poétique.
Le film n'est pas manichéen approchant la question déjà débattue dans des contextes différents de savoir qui est le monstre entre celui qui donne les ordres et celui qui les accepte. Le débat dépasse l'opposition entre le patron et l'ouvrier pour glisser aux relations entre le chef et le sous-chef aux ordres (via le personnage du rédacteur en chef), le chef de famille et son épouse docile ou encore le père et le fils. Chacun accepte un rôle et s'en accommode plus ou moins. C'est aussi un film sur l'humiliation. Ce scénario malin vaudra à Francis Veber une nomination aux César 1977 et le droit à un remake américain six ans plus tard, The toy, avec Richard Pryor dans le rôle de Pignon [1].
Le film n'est pas manichéen approchant la question déjà débattue dans des contextes différents de savoir qui est le monstre entre celui qui donne les ordres et celui qui les accepte. Le débat dépasse l'opposition entre le patron et l'ouvrier pour glisser aux relations entre le chef et le sous-chef aux ordres (via le personnage du rédacteur en chef), le chef de famille et son épouse docile ou encore le père et le fils. Chacun accepte un rôle et s'en accommode plus ou moins. C'est aussi un film sur l'humiliation. Ce scénario malin vaudra à Francis Veber une nomination aux César 1977 et le droit à un remake américain six ans plus tard, The toy, avec Richard Pryor dans le rôle de Pignon [1].
Le Jouet à la Cinémathèque ? Le rapprochement entre la Cinémathèque et la BIFI a permis de relativiser une vision du cinéma ethnocentrée sur quelques films de patrimoine pour intégrer davantage l'environnement du film et donc également l'approche culturelle et économique. Il en découle une ouverture bienvenue du devoir de mémoire envers l'histoire du cinéma.
Joël Daire, Directeur du patrimoine de la Cinémathèque Française écrivait d'ailleurs en 2010 :
L'œuvre cinématographique (le film) tient toujours, à juste titre, la place centrale dans le système, puisque c’est autour d’elle que s’organisent les autres activités. Mais il n’est plus possible d’ignorer que cette œuvre est le produit, en amont, d’environnements techniques (fabrication d’appareils de prise de vue, de prise de son, de pellicule, de dispositif d’éclairage…), économiques (systèmes de production, de financement), artistiques (écriture, conception de costumes, de décors…), culturels, etc., qui influent sur la création de l’œuvre elle-même.
La projection du Jouet à la Cinémathèque ne traduit pas pour autant un changement de registre radical du répertoire. Cette projection à lieu dans le cadre d'une rétrospective Pierre Richard à destination du jeune public. On peut presque le regretter car ce film porte en lui un discours politique à la fois actuel et très adulte par rapport à une grande partie du reste de la production. Le rôle du président Rambal-Cochet est indirectement inspiré de Marcel Dassault (qui aurait également licencié un employé pour main moite).
Le film a déjà été diffusé par la chaîne culturelle franco-allemande Arte en août 2014. C'est une petite reconnaissance pour ce film qui connut un échec relatif à sa sortie (1,2 millions de spectateurs pour un film avec Pierre Richard, c'était peu au regard de son film précédent La course à l’échalote et ses 3 millions d'entrées) et des critiques parfois cruelles. Il avait plu déjà à l'époque à son public, bénéficiant d'un bouche-à-oreille favorable (54.000 entrées à Paris en deuxième semaine contre 46.000 pour la première). Paradoxalement, ce sont les passages récurrents à la télévision qui ont établi la réputation de ce petit film, drôle, attendrissant et intelligent. Les américains ne s'étaient pas trompés en sortant le film en mai 1979 avec le slogan " An unexpected human comedy".
Le Jouet à la Cinémathèque ? Une évidence finalement.
[1] - Ce remake fut un succès avec un recette sur le sol américain de 47 M$, soit environ 130 M$ d'aujourd'hui. Le film original eut droit à un petit succès aussi en Allemagne sous le titre Das Spielzeug.
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