C’est ce qui est gênant dans l’interprétation qui est faite ici. En effet, le personnage se caractérise justement par sa dévotion au principe darwinien qui le pousse à supprimer les faibles. Si une telle caractéristique s’explique facilement dans un comics ou un film, c’est plus difficile par une image figée sur une affiche. D’où l’utilisation d'un personnage à la posture dominante face à l'x-men apparemment le plus chétif (et de fait à l’actrice la plus connue du film). Le slogan « seuls les plus forts survivent » (en français, on passe au pluriel) n’est donc que la reprise d’un principe du personnage qui existe depuis sa création dans les comics en 1986.
Attaquer l’affiche revient à la fois à se révolter contre la métaphore « sexe faible » liée au péché originel d’Eve cédant à la tentation et au principe de sélection naturelle qui donne plus de chance de se perpétuer aux êtres qui ont un caractère avantageux. Et le problème est là : associer maladroitement une expression devenue sexiste (« sexe faible ») à la formulation reprise en slogan crée de fait une interprétation certes involontaire, mais inopportune pour qui voit là une guerre des sexes où la violence faite aux femmes par les hommes trouverait une explication « naturelle ».
Les différences d'interprétation proviennent du niveau de lecture auquel le lecteur se prête (est-ce une image, une illustration d'un film, une métaphore de ce film, une vision du monde ou un modèle sociétal ?).
S’engouffrant dans la polémique, certains (le tweet gauche ci-dessous) ont contesté la seule image, oubliant que ce qui peut choquer, c’est bien l’accolage de l’image et du slogan. Car sinon toute représentation de violence ou d’acte immorale devient un appel au crime. Que penser de l’affiche de American History X qui montrait un néo-nazi ou du Silence des agneaux avec son visage féminin rendu muet par un papillon sur sa bouche. L'affiche elle-même ne porte pas de jugement de valeur : ce n’est pas parce qu’on montre un acte odieux qu’on le soutient. Mais le problème d’une affiche de cinéma qui s’étale sur les murs d’une ville, c’est que cette affiche est bien là pour marquer les esprits. Et personne ne trouve agréable de regarder une femme se faire maltraiter en étant tranquillement assis à la terrasse d’un café comme l'indiquait un autre internaute (le tweet de droite). Un désagrément bien mineur par rapport à la sensation d'appel au crime perçu par d'autres.