Avec 208 M$ en trois jours aux États-Unis et près d'un milliard de dollars en dix jours dans le monde entier, les records sont battus rapidement. De toutes les façons, ces chiffres ne veulent pas dire grand-chose, puisque le développement des marchés émergent (le marché chinois a dépassé le marché américain pour la première fois en février 2015) contribue à voir les records tomber alors que l’effet 3D et l’inflation dopent également le prix du billet, donc les recettes. La France résiste un peu, le score de la 1ère semaine étant inférieur à celui de Fast & furious 7. Mais on chipote : Jurassic world est un triomphe partout où il sort.
Ce succès s’appuie sur la réputation de la première trilogie lancée par Steven Spielberg et dont la cote d'amour du premier épisode reste élevée :
- Jurassic park (1993) : 8,1 (500.000 votants),
- Jurassic park 2 - Le monde perdu (1997) : 6,5 (230.000 votants),
- Jurassic park 3 (1998) : 5,9 (180.000 votants).
Pour notre analyse, nous allons nous référer au classement d’IMDb, la plus grande base de votes au monde qui a l’avantage de détailler la typologie des votants et dont il existe un historique consultable en ligne.
Le premier film continue de bénéficier d’une belle cote d’amour auprès du public plus âgé. La note est de 7,8 contre une moyenne de 8,1 en général. Mais cet écart de 0,3 reste finalement comparable, voir plus fort que pour des films comme Avengers 2 ou Godzilla (2014) où il n’est que de 0,2. Il n’y a donc pas vraiment d’effet nostalgie positif pour Jurassic park dans l'amélioration récente de la note moyenne. C’est bien la nouvelle génération qui découvre le film qui lui donne une nouvelle jeunesse.
On citera ces deux critiques reprises sur Allociné. La première de Nyns résume bien les deux tendances des autres critiques qu’on peut y lire : « Je diviserais les fans de première heure du Jurassic park de Spielberg en deux parties : les exigeants et les mélancoliques. Les exigeants vont sûrement crier au scandale, à raison, en découvrant ce Jurassic World 2015, je les entends déjà vociférer "ils sont sérieux là?! Ils refont la même chose en moins bien avec les moyens d'aujourd'hui et le pire c'est qu'ils ont cru qu'on aillait aimer et accepter ça ? Quelle bonne blague !" Impossible de nier que l'effet de surprise qui a scotché toute une génération est bel et bien derrière nous. Quant aux mélancoliques, ils seront ravis, car spectacle il y a, malgré un matraquage d'image de synthèse "alala que c'est bon du dino!! Bouffe-le! Bouffe-le! Quoi c'est déjà fini ?" Ils doivent déjà être en train de rêver à Jurassic Universe 2027, des étoiles pleins les yeux... ». La deuxième, de Kloden, est une illustration de l’ambiguïté du fan à juger le film : « Ceci étant fait, je dois dire que j'ai du mal à évaluer avec acuité la valeur de Jurassic World. Perdu entre nostalgie, désarroi devant tant d'aberration scientifique et éternel désir d'émerveillement ».
Ces critiques sont illustratives de l’ensemble des avis que l'on peut lire. Les spectateurs du nouveau film ont bien du mal à faire abstraction du film de 1993. On ne peut exclure non plus désormais que le jugement sur le film de Steven Spielberg soit influencé par les avis sur Jurassic World. Il faudra un peu plus de temps pour le mesurer.