- L'histoire d'un homme, Johnny, qui voit sa fiancée tomber dans les bras de son meilleur ami (Mark) est trop classique pour n'avoir ici aucune originalité ni dans l'intrigue, ni dans la forme. On tombe fréquemment dans les clichés les plus éculés.
- Les personnages n'ont aucune consistance, y compris le héros, cadre moyen d'une banque dont on ne saura rien, pas plus d'ailleurs que des deux autres membres du trio (à peine en apprendrons-nous succinctement sur les problèmes de jeunesse de Lisa).
- L'interprétation a ceci de remarquable qu'elle met en valeur par contraste le travail habituel des acteurs professionnels. Pas ceux du film, car la qualité déficiente des dialogues les empêchent de sortir leurs répliques avec consistance. D'autant qu'on devine une direction d'acteur déficiente, et parfois étonnante par certains choix ou incohérences entre ce qui est dit et la façon dont cela est dit. Le héros, avec son accent naturel, est toujours à côté de la plaque, donnant parfois un caractère surréaliste à son personnage (certains voudraient désormais y voir un ton à la David Lynch).
- Des personnages apparaissent, puis disparaissent de l'histoire sans explication, voir avant même qu'on comprenne leur rôle précis dans l'intrigue. Le personnage de Peter est ainsi remplacé par un autre nommé Steven (on devine que l'acteur initial a dû être remplacé par deux fois).
- La mise en scène n'a souvent aucun sens avec des choix de cadrage, d'entrée dans le champ, de décor qui tombent fréquemment dans l'amateurisme.
- Le montage n'a pas vraiment de sens tant dans le rythme d’enchaînement des séquence que dans la construction des plans qui s'étirent sans raison. Certains plans de la ville ou de la première scène d'amour sont aussi réutilisés deux fois. Et il y a fréquemment un décalage de post-synchronisation entre les lèvres des personnages et les dialogues.
- Le décor est tout aussi surprenant. Le film se déroule à San Francisco, mais il a été tourné à Los Angeles. D'où parfois des scènes tournées sur fond vert lorsque l'on est censé voir la ville en arrière-plan. Des fonds verts d'une autre époque tant le trucage est artificiel.
C'est une illustration parfaite du post-modernisme qui touche de plus en plus le monde du cinéma.
[2] - Il paya 5.000 $ par mois pendant cinq ans pour conserver l'emplacement pour le film, au point que cela devint une attraction touristique et fit émerger le caractère culte du film. Pour The disaster Artist, le distributeur racheta le même emplacement avec une affiche copiée sur celle d'origine.
[3] - Alors que Greg Sestero écrivait le livre The disaster artist, Tommy Wiseau ne voyait pour jouer son rôle au cinéma que Johnny Depp et ... James Franco. Et James Franco cumulera les postes d'acteur principal ainsi que de réalisateur et il imposa un intime pour jouer le rôle de Mark, tout comme l'auteur de The Room.
{4] - Retraité de l'inflation, un budget de 10 M$ en 2017 correspond à peu près aux 6 M$ dépensés en 2003 par Tommy Wiseau pour son tournage sans star.
[5] - Pour les Oscars, il pâtit des accusations d'harcèlement sexuel qui éclatèrent à une semaine de l'annonce des nominations