Café society est plutôt réussi, mais il innove peu même si on y trouvera des cadrages et des mouvements de caméra plus audacieux en comparaison des films précédents (sans doute l'influence du nouveau directeur de la photographie). Le film souffre aussi de garder son spectateur trop en retrait de ses personnages, notamment à cause d'une voix-off encore plus présente que d'habitude et d'une musique - de jazz évidemment - surabondante. Une frustration pour un film sur la frustration. La vie maintient les rêves mais fait perdre en innocence, nous dit en substance Woody Allen en ouverture de ce Festival. |
Le Festival de Cannes est un événement mondial qui s'est ouvert à tous les cinémas. Et il y a plusieurs façons de prendre part à ce festival. Nous sommes installés. Les projections peuvent commencer pour la sélection Cinécole 2016. La projection du Woody Allen a donné le "la". Malgré l'heure tardive et un premier jour qui ne fait pas toujours le plein de festivalier, la salle était pleine à la séance de 23h, rappelant que Woody Allen est la star du film Art et essai. Essayez de lui trouver un concurrent en termes de notoriété et d'exposition de ses films, ce n'est pas évident. Et pourtant, il est encore là, seulement en hors compétition à la demande du cinéate new-yorkais qui ne souhaite pas inscrire ses films dans un concours de beauté. Lors de la Cérémonie d'ouverture, Laurent Laffite a souligné que ce n'était pas "beau joueur". Les festivaliers sont eux très contents qu'il soit présent quelqu'en soient les modalités. Jeudi 12 mai 2016 Dans la queue pour aller voir le dernier film de Marco Bellocchio, nous nous retrouvons à quatre et échangeons nos impressions sur les films de la journée. Victoria serait réussi et sans surprise comme une bonne comédie à l'américaine. Le film turque Albüm a laissé une impression plus forte mais aussi plus contrastée, certains lui reprochant une certaine lenteur quand d'autres, majoritaires, louent une jolie esthétique, un jeu des personnages en décalage. Finalement, si les personnages changent peu au cours de l'histoire, c'est le regard du spectateur sur eux qui évolue dans ce spectacle qui "rappelle le cinéma du finlandais Aki Kaurismaki en moins bien". Dans la Sélection officielle, Sieranevada du roumain Cristi Puiu a bien plu à celui qui l'a vu. Ce jeudi soir, c'est donc l'ouverture de la Quinzaine des réalisateurs dont la première édition date de 1969. Ca commence par un hommage à Aki Kaurismaki justement à travers un montage d'image de ses films. Mais si le dernier Woody Allen parlait de frustration, cette cérémonie est elle-même particulièrement frustrante car le finlandais n'est pas là pour recevoir les honneurs, "bloqué au Groënland". Une lettre ouverte est lue à propos de "sa vie de bohème", de ses "personnages fracturés remplis de solitude" et de ses "contes philosophiques" avec une jolie conclusion adressée au finlandais : "vos films mélancoliques sauvent les spectateurs de trop de normalité". C'est son producteur français de Pyramide accompagné de Jean-Pierre Darroussin qui vient chercher son prix. Ce dernier en profite pour raconter une blague d'Aki Kaurismaki : "c'est trois finlandais au bord de la route. Une voiture passe. une demi-heure après, le premier dit "c'est une Volvo". Une demi-heure plus tard, le deuxième dit : "non, c'est une Saab". Une demi-heure encore après, le troisième dit : "ça suffit, je m'en vais. Je ne supporte pas quand vous vous engueulez !". Vrais rires dans la salle. Et le film de Marco Bellochio, il vaut quoi alors ? Fais de beaux rêves est un drame attachant car on a une vraie empathie pour le personnage principal qui se cherche pendant 30 ans pour essayer d'accepter la perte mystérieuse de sa mère. Trop de détours malheureusement pour un film qui aurait gagnait à être plus resséré. A la fin, le réalisateur italien accompagné de son casting a été chaudement applaudi par le public. |
Docteur en Sciences de l'information et de la communication, Laurent Darmon est devenu par cinéphilie un spécialiste de la réception cinématographique et de la sociologie du cinéma.
Il est l'auteur d'une thèse sur "l'itinéraire de l'évaluation d'un film par le spectateur au cinéma", anime des conférences et a été le Président de la Commission Cinécole 2016. Parallèlement, il est en charge du digital et de l'innovation dans une grande banque française.
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