Ce matin, Direction le studio 13 pour mon premier coup de cœur après six films, émouvant et drôle. Avec Swagger, Olivier Babinet porte un vrai regard de cinéaste sur l'exercice délicat du documentaire qui devient ici docu-fiction. Il invite une photographie cinématographique, des cadres travaillés et un montage intelligent sans jamais perdre son propos. Derrière l'artifice, on sent toujours le réel. On est parfois gêné de rire au risque que cela passe pour de la condescendance déplacée, mais on garde toujours un regard amical pour les six héros. En parlant des jeunes d'Aulnay-Sous-Bois, le réalisateur parvient à éviter de parler de sa violence pour aborder la vision et les rêves d'une génération qui vit dans sa normalité. Quel plaisir aussi d'observer en direct dans la salle cannoise la réaction des jeunes "acteurs" lorsqu'ils se voient et s'entendent eux-mêmes ! D'autres de la Commission ont été gêné par le mélange documentaire et fiction, reprochant un traitement qui joue avec la réalité.
Les bonnes surprises se poursuivent dans l'après-midi avec la projection de Grave à la Semaine de la critique. Le film a tout pour diviser car son sujet n'est pas consensuel, fleurtant par moment avec l'horreur. Pourtant, on ne tombe jamais dans le cinéma de genre. Croisement réussi entre Trouble every day et La crème de la crème mais qui a tout pour effrayer certains spectateurs tant le sujet de l'anthropophagie est abordé de front. Pendant la projection, 3% de la salle (15 spectateurs sur 440) sont sortis au moment de la première scène intense. Pas étonnant car, à Cannes, le public ne sait pas encore vraiment ce qu'il va voir faute de critiques et d'avis pour les informer. Faut-il retenir un tel film pour Cinécole ? On en débattra.
Dans la Sélection officielle, c'est Tony Erdmann qui a créé le plus d'enthousiasme jusqu'à maintenant. La loute a plu aussi, mais a beaucoup divisé, les commissionnaires de Cinécole aussi. D'autres films ont plu à l'équipe aujourd'hui : Harmonium (Un certain regard), La danseuse (Un certain regard) et Folles de joie (Quinzaine des réalisateurs).