Il est temps de faire le bilan du premier semestre 2016 : il se solde par une progression enviable de la fréquentation de 5,4%. Il traduit le dynamisme d'un loisir qui résiste à tout, y compris à ceux qui annonçaient la disparition des films du milieu. Il faut juste que les films du milieu soient également événementiels à leur façon.
Même en léger retrait, la fréquentation 2015 était très satisfaisante car on navigue toujours à un niveau record par rapport à la fréquentation moyenne des cinquante dernières années. Avec 206 millions de spectateurs en 2015 en France, on est à un niveau nettement plus haut que les autres pays européens comparables :
- 172 millions de britanniques,
- 139 millions d'allemands (pour 20 millions d'habitants de plus),
- 107 millions d'italiens.
L'évolution de la fréquentation de 5,4% sur les six premiers mois de 2016 intervient donc dans un environnement favorable au cinéma. Et la perspective de battre le record de 2011 (217 millions d'entrées) n'est pas inaccessible quand on est déjà à 107 millions à mi-parcours. Étrangement serait-on en droit de se dire à première vue car la télévision souffre de la concurrence d'internet et des loisirs digitaux, le jeux-vidéos et les échanges sociaux en tête. Le cinéma fait plus que résister, puisqu'il bat des records malgré un contexte pas si facile : entre les risque d'attentats, les grèves et l'Euro de foot, il y avait matière pour justifier une désaffection de la sortie en salles. Surtout que le recul du programme film à la télévision et en vidéo montrent que le produit cinéma "payant" a perdu de son attrait. Le piratage et la multiplication de l'offre avaient tout pour faire perdre au film de son attrait spécifique.
En fait, le cinéma en salles est parvenu à rester événementiel et cela fait toute la différence. Il s'appuie sur les caractéristiques de la projection dans un cinéma : confort, 3D, grands écrans ... Mais il reste surtout le principal lieu de sociabilité. Au moment où les réseaux sociaux prennent de plus en plus de place dans des échanges partiellement virtuels, le lieu physique pour se retrouver a encore besoin d'exister. Le cinéma concentre de plus en plus cette place. Les manifestations sportives et les concerts bénéficient du même engouement : les européens sont toujours prêts à sortir de chez eux, mais il faut de l'événementiel.
Certains se plaignent que les films en haut de l'affiche soit des suites à grand spectacle qui réduisent l'offre. Ce serait une vision bien triste d'observer la fréquentation cinématographique.
Tout d'abord, si la salle attire par son côté événementiel, il est normal que le spectateur y privilégie des films à grand spectacle. Et pour faire du grand spectacle, il faut assurément beaucoup d'argent dans un univers économique fortement concurrentiel. Le producteur qui prend des grands risques en mettant 200 m$ sur un film (et parfois autant dans la promotion) a besoin naturellement de se rassurer quant aux perspectives de voir les spectateurs répondre positivement à sa programmation. Les insuccès de John Carter et Les 4 fantastiques montrent que le risque d'échec reste réel. Mais le marché du cinéma est bien fait : si c'est toujours le même film qui est proposé, les spectateurs finissent par se détourner car, rappelons-le, ils veulent des schémas récurrents ET de la surprise. Un film comme le nouveau Independance day n'a pas connu un grand succès malgré ses effets spéciaux et le triomphe du premier film sorti il y a vingt ans.
D'autre part, il y a bien de la nouveauté parmi ces nombreux méga-productions qui se ressemblent. La trilogie sur Batman par Christopher Nolan (le meilleur réalisateur du monde ?) a une dramaturgie qui n'a rien à envier à bien des drames plus intimistes. Deadpool a proposé un regard différent sur le genre avec sa distance et ses dialogues plus adultes. Zootopia est un très bon d'animation de l'avis de tous. Au premier semestre, on ne trouve d'ailleurs qu'une suite parmi les cinq leaders et il est français : Les Tuche 2.
Tout d'abord, si la salle attire par son côté événementiel, il est normal que le spectateur y privilégie des films à grand spectacle. Et pour faire du grand spectacle, il faut assurément beaucoup d'argent dans un univers économique fortement concurrentiel. Le producteur qui prend des grands risques en mettant 200 m$ sur un film (et parfois autant dans la promotion) a besoin naturellement de se rassurer quant aux perspectives de voir les spectateurs répondre positivement à sa programmation. Les insuccès de John Carter et Les 4 fantastiques montrent que le risque d'échec reste réel. Mais le marché du cinéma est bien fait : si c'est toujours le même film qui est proposé, les spectateurs finissent par se détourner car, rappelons-le, ils veulent des schémas récurrents ET de la surprise. Un film comme le nouveau Independance day n'a pas connu un grand succès malgré ses effets spéciaux et le triomphe du premier film sorti il y a vingt ans.
D'autre part, il y a bien de la nouveauté parmi ces nombreux méga-productions qui se ressemblent. La trilogie sur Batman par Christopher Nolan (le meilleur réalisateur du monde ?) a une dramaturgie qui n'a rien à envier à bien des drames plus intimistes. Deadpool a proposé un regard différent sur le genre avec sa distance et ses dialogues plus adultes. Zootopia est un très bon d'animation de l'avis de tous. Au premier semestre, on ne trouve d'ailleurs qu'une suite parmi les cinq leaders et il est français : Les Tuche 2.
Les 5 premiers au box-office 2016 (au 7 juillet)
Rang |
Film |
Entrées France |
1 |
4.713.000 |
|
2 |
4.600.000 |
|
3 |
Value |
3.789.000 |
4 |
3.738.000 |
|
5 |
3.600.000 |
Enfin, et c'est le plus important, le spectateur a encore largement le choix. Il y a eu 672 films sortis en 2015 contre 100 de moins dix ans plus tôt. Et comme il n'y a pas eu 100 blockbusters supplémentaires, l'offre alternative aux grands spectacles est encore là. Evidemment, ces gros films prennent une place importante dans l'exploitation, certains se réservant jusqu'à un millier d'écrans la même semaine. Mais là encore, la réalité doit être rétablie. Certes, il ne reste pas toujours assez de place aux yeux du cinéphiles pour voir un petit film sans promotion, mais ça reste une situation qui progresse. Les gros films se concurrencent entre eux. Ils sortent de plus en plus vite des écrans pour laisser la place au suivant. Parallèlement, le nombre de salles de cinéma n'a cessé de progresser depuis 15 ans : on est passé de 4.400 en 1994 à 5.800 aujourd'hui. Au global, on n'assiste pas à un cannibalisme de quelques films : par rapport au point bas de 1992 en termes de fréquentation, le box-office cumulé annuel a augmenté de 60% alors que le trentième plus gros succès de l'année attire lui-aussi 60% de spectateurs de plus (1,6 millions contre 1 millions tout juste en 1992).
Cette année, Il n'y a d'ailleurs pas eu encore de méga-triomphe, même si l'épisode 7 de Star wars a fait 40% de ses 10 millions d'entrées en 2016. Les succès de Retour chez ma mère (plus de 2 millions - note 5,9), Pattaya (2 millions de spectateurs - note 5,1 sur IMDb), Chocolat (1,9 millions - note 7,1) ou Médecin de campagne (1,5 millions - note 7,1) montrent que les films à moyen budget ont encore largement leur place dans le paysage cinéphile français. Ils avaient tous quelque chose à dire à leur public respectif. Et il y a eu des succès-surprises comme La vache (1,2 millions de spectateurs) et Demain (1 million et ça continue) que personne n'attendait vraiment à ces niveaux.
Cette année, Il n'y a d'ailleurs pas eu encore de méga-triomphe, même si l'épisode 7 de Star wars a fait 40% de ses 10 millions d'entrées en 2016. Les succès de Retour chez ma mère (plus de 2 millions - note 5,9), Pattaya (2 millions de spectateurs - note 5,1 sur IMDb), Chocolat (1,9 millions - note 7,1) ou Médecin de campagne (1,5 millions - note 7,1) montrent que les films à moyen budget ont encore largement leur place dans le paysage cinéphile français. Ils avaient tous quelque chose à dire à leur public respectif. Et il y a eu des succès-surprises comme La vache (1,2 millions de spectateurs) et Demain (1 million et ça continue) que personne n'attendait vraiment à ces niveaux.
Battre des records ainsi, c'est très rassurant pour démontrer la pluralité de l'exploitation cinématographique actuelle. Même si le plus gros succès de la semaine s'appelle Camping 3 ? Oui, même si !
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