
L'intérêt de cette sélection est de pointer sur des films méconnus, passés à côté de leur public mais qui pourtant sont parvenus pour certains à se faire une place dans le cœur de quelques spectateurs. Le journal a la bonne idée d'interroger quelques personnalités du cinéma qui livrent leur chef d’œuvre mal aimé. Ainsi Ryan Gosling, Garpar Noé ou encore Benicio Del Toro livrent leur secret cinéphilique.

Mais ce qu'on retiendra surtout, ce sont ces films qui avaient justement bénéficié d'une large distribution, mais qui n'avaient retenu l'attention de presque personne. Une façon de les sortir du purgatoire.
Le journal fait d'ailleurs en introduction son mea culpa à propos du Convoi de la peur de William Friedkin, deuxième adaptation datant de 1977 d'un roman français après le salaire de la peur. Première avait écrit dans son numéro de novembre 1978 à propos du nouveau film du réalisateur de French connexion et L'Exorciste : "voila un film qui ne laissera pas un grand souvenir". Et pourtant, même s'il est vrai que Sorcerer - son titre original - a été mal accueilli par les spectateurs de l'époque (6 M$ de recettes aux États-Unis et 382.000 spectateurs en France), il a fait son chemin. Sa note sur IMDb est désormais de 7,7, bien supérieure à la moyenne de 7, même s'il demeure en retrait du premier film d'Henri-Georges Clouzot (8,2). Le film a tellement été réévalué qu'il bénéficie d'une restauration et d'une reprise en salles cette été, événement devenu rare pour un film qui n'est pas un classique. Et cela après un passage par la Cinémathèque en 2013. Le réalisateur était alors venu lui-même présenter son film dans un cycle intitulé "toute la mémoire du monde".
L'accueil critique fut très mitigé. Parmi une majorité plutôt hostile ou indifférente, on constate qu'il y avait quand même quelques défenseurs dont le célèbre critique Robert Ebert. Aujourd'hui, les critiques ont majoritairement basculé en faveur du film de Friedkin : elles sont positives à 80% sur Rotten tomatoes.
Le cinéma est rempli de ces films sans doute trop en avance sur leur temps. Personnellement, parmi les films à réhabiliter, j'ai une tendresse pour Mr Nobody de Jaco Van Dormael. Ca tombe bien : il est cité par Première dans les chefs d’œuvre que vous n'avez jamais vus.