
Au début du film, un très beau plan-séquence illustre cette transformation : l’arrivée de Jill sortant du train pour découvrir, avec le spectateur, la ville en construction au milieu d’un grand espace désertique. Impressionnant !
Et dans la séquence finale, le cow-boy s’efface au profit de l’ouvrier. Seule Jill, la prostituée en redemption (unique protagoniste féminine), choisit de s’adapter au « nouveau monde » en s’occupant des travailleurs qui construisent l’avenir.
En face, trois figures mythiques disparaissent :
- Le justicier solitaire (Harmonica), anachronique dans la société industrielle émergente,
- Le bandit au grand cœur (Cheyenne) au romantisme désuet,
- Le hors-la-loi brutal (Franck) face à l’ordre qui se généralise.
L’italien Leone raconte le Far West cette fois dans un film produit à Hollywood (Paramount) et tourné dans les décors emblématiques de John Ford (Monument Valley).
Mais le réalisateur italien met l’Amérique face à son histoire : la conquête de l’Ouest a été meurtrière. Et pour mettre en image ce retournement des valeurs, il transforme l’acteur héroïque du western américain (Henry Fonda) en un tueur abject, dans un parfait contre-emploi.
Mi, Do, Ré# : le puissant leitmotiv sonore est joué à la guitare électrique, puis est repris par les chœurs et enfin les cuivres de l’orchestre. Sur la partition lyrique d’Ennio Morricone qu’il qualifiait de « l’un de ses meilleurs scénaristes », Leone filme de façon théâtrale l’Amérique rugueuse des derniers pionniers comme un grand spectacle baroque, « un ballet de mort » disait-il lui-même.
Les américains lui en voudront d’avoir fait le western ultime en détournant l’archétype d’un genre qui relève de la matrice américaine (la nouvelle frontière).
Si le film est un triomphe en Europe, et particulièrement en France (toujours dans les 10 films les plus vus de tous les temps), il sera boudé par les américains à sa sortie.
Depuis, les États-Unis font face à leur "histoire (génocide indien, esclavage, Maccarthysme, lois ségrégationnistes). C’est en 2009 qu’Il était une fois dans l’Ouest est entré dans les archives nationales de la Bibliothèque du Congrès devenant officiellement un symbole culturel américain.