Il s’agit de faire revenir dans les salles des spectateurs face à la concurrence des postes de télévision qui apparaissent dans les foyers. La stratégie est gagnante pendant un temps, et produit de grands succès comme les Dix commandements (1956) et Ben Hur (1959). Sergio Leone et Stanley Kubrick s’y essayent au début de leur carrière avec respectivement Le Colosse de Rhodes et Spartacus.
Mais l’attrait du genre s’étiole au début des années 60 avec notamment l’échec coûteux de Cléopâtre en 1963. C’est d’ailleurs à ce moment-là qu’apparaît pour la première fois le mot « péplum » sous la plume de la critique française. Il se veut plutôt péjoratif, reprenant un terme décrivant les robes de l’époque en référence à l’un des films qui ressuscita le genre 10 ans plus tôt : La Tunique, premier grand succès en CinémaScope en 1953.
C’est toutes la difficulté de caractériser le péplum, genre original. D’une part, il relève de l’art noble, s’inspirant de faits historiques (l’Antiquité égyptienne, grecque et romaine), de mythes religieux (la Bible) et de classiques de la littérature (L’Odyssée, Salammbô). D’autre part, il a tendance à valoriser la violence et un certain érotisme. Il oscille entre le respect édifiant de l’Histoire et l’attrait divertissant pour le merveilleux, voire le fantastique (Le Choc des Titans).
Gladiator relève un peu des deux justement. De vrais personnages historiques déjà présents dans La Chute de l’Empire romain (Marc Aurèle, Commode), le film testament du péplum des années 60. Mais on y trouve aussi le général Maximus, héros de fiction portant le film vers l’action pure : bataille épique, combats de gladiateurs et vengeance.
Son succès relance le genre qui trouve une nouvelle vie avec les effets numériques. Citons Troie (2004), 300 (2007), Noé (2014). J’ai un faible pour Agora (2009) à propos de la brillante astronome Hypatie cherchant à protéger la bibliothèque d’Alexandrie. Depuis la flamme s’est à nouveau éteinte.
Aujourd’hui sort Gladiator 2 du même Ridley Scott. L’occasion de prendre le pouls d’un cinéma épique qui ne donne son meilleur que sur grand écran