A l'écoute, l'ambiance sonore n'est pas du tout la même entre la mélancolie du Parrain et l'entrain de Fortunella, mais le thème du film de Coppola est indéniablement similaire (à partir de 0:50).
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Le Parrain est un grand film pour de nombreuses raisons, mais ce serait un autre film sans les célèbres compositions de Nino Rota. Pourtant ce sont bien des musiques recyclées que nous entendons tout au long du premier opus de la trilogie de Francis Ford Coppola.
La musique du Parrain est presque aussi célèbre que le film lui-même. C'est dire l'impact de sa bande originale. Elle est d'ailleurs jouée régulièrement en ciné-concert, apanage habituel des blockbusters.
Le film avait été pensé initialement avec un budget raisonnable, mais la Paramount choisit finalement de lancer une nouvelle politique commerciale qui s’appuierait désormais sur une superproduction annuelle servant de "locomotive" aux autres productions du studio. L'adaptation du roman à succès de Mario Puzo sera la première expérience en 1972 de cette stratégie gagnante puisque le film deviendra le premier à atteindre le seuil des 100 M$ de recettes aux Etats-Unis (4 millions d'entrées en France). Francis Coppola cherchait un compositeur italien à qui confier la musique de son film sur une communauté italo-américaine mafieuse [1]. Même si la livraison des compositions connut quelques difficultés, (retard et refus d'enregistrement de la part du compositeur), il trouva en Nino Rota l'artiste idoine qui allait proposer une musique accompagnant idéalement cette histoire de famille à la fois intime et baroque. Il est vrai que Nino Rota a des atouts : il est italien et a fait ses études musicales au Curtis institute à Philadelphie dans les années 30. C'est là qu'il a appris la composition.
0La musique qu'il composa pour Le Parrain fit le tour du monde. Il y eu des reprises un peu partout du Love theme. A la sortie du film, Andy Williams chante sur cet air "Speak softy love". Il devient "Parle plus bas" chanté par Dalida en France. Il existe aussi une version espagnole, italienne et même ukrainienne. Cette fameuse musique se dirigea vers un Oscar à l'image du film lui-même qui en gagna trois dont celui du meilleur film. N'avait-elle pas gagné le Golden globe de la meilleure musique ? Mais après avoir reçu une nomination à l'Oscar, la musique fut disqualifiée de la compétition. On reprocha à la bande originale de reprendre un thème d'un autre film : Fortunella, un film de Eduardo De Filippo datant de 1958 (et largement inspiré du cinéma de Fellini). Le compositeur de la musique en est... Nino Rota. Reprendre certaines de ses propres compositions, n'est pas nouveau : les musiciens classiques (JS Bach...) le faisaient déjà.
A l'écoute, l'ambiance sonore n'est pas du tout la même entre la mélancolie du Parrain et l'entrain de Fortunella, mais le thème du film de Coppola est indéniablement similaire (à partir de 0:50). Certaines salles ont une histoire. C'est le cas de La Pagode, devenue cinéma par hasard et qui se caractérise par son architecture particulière. Cocteau l'appelait "le temple du cinéma" à la fin des années 50. Un parcours qui vient de s'arrêter avec la fermeture de ses deux salles le 10 novembre 2015. Pour de nombreux cinéphiles, il reste quelques beaux souvenirs. Située rue de Babylone, à proximité du boulevard des Invalides, La Pagode est l'unique cinéma du septième arrondissement de Paris.
Comme souvent, dans les belles histoires, il y a une femme à l'origine de sa création : Suzanne Kelsen. Elle a épousé François-Émile Morin, dirigeant du Bon Marché, le Grand magasin qui a inspiré Au bonheur des dames d'Emile Zola et qui se trouve à l'autre bout de la rue de Babylone. Pour faire plaisir à sa femme, à la place d'un hôtel particulier acquis en 1891, il lui fait construire une véritable pagode en plein cœur de Paris. Elle y tient des réceptions qui se font remarquer. Il faut dire que l'architecture japonisante ne passe pas inaperçue. Son créateur, Alexandre Marcel, se fera d'ailleurs un grand spécialiste de ce type de bâtiment au style asiatique. Il s'inspirera pour son ouvrage du sanctuaire Toshogu de Nikko sans être jamais allé, à l'époque, au Japon. Il pousse le réalisme jusqu'à faire venir estampes et matériaux directement du Japon. On trouve de belles tentures murales et on crée un plafond décoré de scènes guerrières. La construction débute en 1895 et la salle des fêtes est inaugurée en grande pompe l'année suivante. Mais Mme Morin divorce de son mari un an après pour épouser le fils de son associé, Joseph Plassard qui a quinze ans de moins qu'elle. Après le divorce, elle garde la salle qui entre dans le patrimoine de son mari, puis de sa deuxième femme. Jusqu'en 1927, La Pagode gardera sa vocation d'origine, accueillir des réceptions. La famille vend alors la salle. Parmi les propriétaires suivants, on trouve l'Ambassade de Chine pourtant guère adepte de la culture japonaise. Après quatre ans, le bâtiment réouvre pour devenir une salle de cinéma. Le premier film projeté est One mad kiss en mars 1931. Il n'y a qu'une salle alors comme c'est souvent le cas à l'époque. Le cinéma est en plein essor et Paris voit se construire de grands palaces à la gloire du 7ème art depuis une dizaine d'années. La salle de La Pagode se distingue clairement des autres théâtres cinématographiques par son ambiance particulière car le style oriental a été conservé. Cette semaine, on ne fête pas seulement les trente ans de Retour vers le Futur, mais aussi le vingt-cinquième anniversaire d'Internet Movie DataBase, IMDb de son petit nom. On a peine à croire que l'aventure d'un tel site web ait commencé il y a un quart de siècle. Et pourtant elle a même débuté un peu plus tôt encore. Le site est devenu la bible des cinéphiles car on y trouve la plus grande base de données sur le cinéma - les statistiques ici - et son précieux top250 des meilleurs films. L'idée n'est pas venue spontanément. Elle provient de discussions de cinéphiles sur un newsgroup de Usenet, l'ancêtre des forums avant qu'internet s'organise autour de sites web.
A l'époque, les discussions évoquaient souvent les actrices les plus séduisantes et les films où les voir. C'est ainsi que les utilisateurs du forum rec.arts.movies se sont retrouvés à s'échanger des filmographies dans des messages : Kim Basinger et Pichelle Pfeiffer étaient souvent citées à l'époque. Et comme le réseau était constitué de geeks, il n'est pas étonnant que l'un d'entre eux ait décidé de reprendre ces filmographies dans une base de données. On est en 1989 et ce précurseur s'appelle Col Needham, un ingénieur de 22 ans qui travaille alors chez Hewlett-Packard à Bristol. Cinéphile (il a vu plus de 9.380 films à aujourd'hui), ce britannique note depuis ses 13 ans le noms de ceux qui font les films et il aime faire des quiz dessus. Il dit de lui-même : "It's fair to say I'm a geek". Rapidement la base grossit et il développe un mini-programme pour permettre aux autres membres de la compléter. La base de données centrée sur les actrices s'enrichit d'informations sur les acteurs et les réalisateurs. Les producteurs et les compositeurs de musique suivront. Parmi les techniciens, quelques décorateurs sont parmi les premiers à apparaitre sur la base. Bizarrement les scénaristes n'arrivent qu'après. Bizarrement ? Non car il suffit d'un nouveau volontaire motivé pour que les lacunes soient prises en charge. Des volontaires, il y en a de plus en plus qui, tous, contribuent à développer la base de données de Col Needham. La force vive est constituée d'une vingtaine de cinéphiles. A l'été 1990, ce sont 10.000 films qui sont répertoriés, soit exactement le même nombre d’œuvres répertoriées par le Dictionnaire des films édité par Larousse cette année-là. Mais à la différence des versions papier, la mise à jour est continue et les erreurs sont rapidement corrigées par les fans. La durée de vie des hommes s'allonge alors que celle des films se réduit au cinéma. Un parallèle qui n'a pas vraiment de sens sauf à relever le caractère encore plus événementiel que prend l'exploitation en salles à l'heure où les reprises sont de plus en plus rares. Un tweet récent rappelle quelle était la vie des films il y a un demi-siècle. Hors films d'animation, en tête du box-office des neuf premiers mois de 2015, on trouve Jurassic World avec 5,1 millions d'entrées, sorti au début de l'été. Il valait mieux ne pas être parti trop longtemps car au retour du mois d'août, le film n'était plus à l'affiche malgré son triomphe. S'il est courant depuis longtemps qu'un film quitte l'affiche lorsqu'il n'a pas de succès, il faut constater que désormais même les films qui rencontrent leur public doivent faire de le place aux nouveautés et surtout s'exiler sur d'autres supports. Parfois en cherchant volontairement à se faire rare pour mieux revenir en DVD, Blu-ray et VoD. Résultat, le film de Colin Trevorrow a quitté les salles au bout de 10 semaines. Après un mois, il avait déjà comptabilisé 85% de son score final. Ce n'est pas particulièrement court, car souvent les blockbusters enregistrent la moitié de leurs entrées la première semaine et ont pratiquement totalement disparu au bout d'un mois.
Un Tweet de Benoit Denard, Directeur des études, des statistiques et de la prospective du CNC, rappelle que c'était bien différent il y a cinquante ans. La carrière d'un film s'étalait sur trois ans.
50 nuances de Grey a été l'un de gros succès en salles de l'année (4 millions d'entrées en France) et la vidéo/vod disponible depuis mi-juin devrait lui réussir également, malgré de mauvaises critiques et surtout des avis du public peu enthousiastes. Les récentes mésaventures de Love de Gaspar Noé avec le processus de certification montrent que rien n'est simple avec le nu. Retour sur un genre qui disparait pour mieux renaitre périodiquement dans de nouveaux contextes. En 1975, les films érotiques et pornographiques (on ne faisait pas encore légalement la différence) ont représenté jusqu'à 20% de la fréquentation dans Paris intra-muros et environ 15% en France [1]. Les films érotiques / pornographiques ont même constitué la moitié des films diffusés. Quatre films avec scènes de sexe non simulées dépassèrent même le seuil du million de spectateurs entre 1973 et 1975 en France, se classant dans les 30 plus gros succès annuels, avant que la loi du 31 octobre 1975 ne mette un terme à cette tendance, avec la création de la catégorie des films X frappés d'une taxe spéciale et d'une obligation d'être diffusés dans un circuit d'exploitation spécifique. Le genre survivra correctement encore quelques années dans une exploitation de ghetto (encore 13% des entrées Paris-ville en 1981) mais il disparaîtra avec l'essor de la cassette vidéo VHS. La dernière salle parisienne, le Beverley (75002), fait encore de la résistance. Mais pour combien de temps ? [Mise à jour 11/11/17 : Le Beverley a annoncé sa fermeture en décembre 2017 ou janvier 2018] Les films érotiques ont également pratiquement disparu des salles. Pourtant chaque décennie apporte son succès qui rappelle que la nudité sait toujours attirer l'attention du public :de 9 semaines 1/2 (1985) dans les années 80 à 50 nuances de Grey (2015) récemment en passant par l'Amant (1992) ou Eyes wide shut (1999).
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Docteur en Sciences de l'information et de la communication, Laurent Darmon est devenu par cinéphilie un spécialiste de la réception cinématographique et de la sociologie du cinéma.
Il est l'auteur d'une thèse sur "l'itinéraire de l'évaluation d'un film par le spectateur au cinéma", anime des conférences et a été le Président de la Commission Cinécole 2016. Parallèlement, il est en charge du digital et de l'innovation dans une grande banque française.
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Oui, l'humain a encore largement sa place dans la chaîne de valeur d'une industrie si particulière. On cherche à faire croire qu'il faut opposer le cinéma d'auteur au cinéma populaire. Il n'en est rien, on est bien dans une activité de création où l'artiste est bien là. S'il fallait s'en convaincre, le non remplacement de l'humain par la machine dans la phase de création est une réalité indiscutable. " Le cinéma est aussi une industrie". C'est d'abord un art. Tant mieux !
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L’analyse du public des Avengers et de Star Wars montre que malgré des similitudes, les différences sont importantes. Le public entre 15 et 25 ans représente 35 % des spectateurs du dernier Avengers (Infinity war) alors qu’il est de 20% pour l’avant-dernier Star Wars (Le réveil de la Force).
Cela démontre le pouvoir d’attraction des super-héros de Marvel sur les adolescents et les jeunes adultes. Star wars 7,qui relançait la franchise de George Lucas, a surtout créé du désir chez un public plus adultes : 46 contre 31% pour les 25 à 50 ans. C’est ce public qui a fait la difference pour un méga-démarrage à 3,5 millions de spectateurs en une semaine, soit un million de plus que pour le déjà trés beau début de carrière d’Infinity war des studios Marvel. En revanche, lorsque l’épisode 8 est sorti, ce million supplémentaire a disparu et ce public des adultes curieux s’est moins pressé. Les plus grands fans ont, eux, répondu présents en décembre dernier. Et ce sont les plus de 50 ans qui ont suivi la saga depuis le debut qui ont alors été fidèles : en valeur absolu, ils sont restés au même niveau ( 720.000 spectateurs). Et le plublic des adolescents friand du blockbuster de la semaine est venu lui-aussi mais avec moins de ferveur que pour les Avengers. Star wars n’est finalement pas aussi moderne, trainant une image vintage alors que les super-héros créés par Stan Lee dans les années 60 ont su renouveller totalement leur image dans le cadre du Marvel cinematic universe. |
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Le dernier film de Darren Arnofsky n'a pas plu au public. C'est un euphémisme quand on examine sa note moyenne à la sortie des salles. C'est une contre-vérité quand on regarde plu en détail l'avis des cinéphiles.
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