Depuis Méliès, la science-fiction au cinéma dépeint souvent un univers scientifique irréel et anxiogène. De Frankenstein (transhumanisme) à Jurassic Park (génétique) en passant par La Machine à explorer le temps (relativité), l'imagination prime sur la réalité.
Le Biopic scientifique cherche au contraire à s’ancrer dans l’histoire, la vraie. Les premiers films du genre racontaient les inventeurs du 19ème siècle comme La vie de Louis Pasteur en 1935. C’est au tournant du millénaire qu’Hollywood a perçu que la vie des scientifiques pouvait impacter les spectateurs : Darwin (dans Creation), Charcot (Augustine), Milgram (Experimenter) ou encore Jung (A Dangerous Method) ont ainsi eu droit à leur film au 21ème siècle.
Il est vrai qu’ils ont souvent eu une vie atypique. Certains ont ainsi lutté contre de graves pathologies : le mathématicien John Nash (Un homme d’exception) sujet à la schizophrénie ou le physicien Stephen Hawking (Une merveilleuse histoire du temps) atteint de la maladie de Charcot. Pour Srinivasa Ramanujan (L'homme qui défiait l'infini), être un indien autoditacte et intuitif fut une difficulté pour s'imposer dans l'Angleterre conservatrice du début du 20e siècle malgré son génie désormais reconnu.
Le film Einstein et Eddington montre comment le jeune rédacteur des quatre articles de 1905 qui révolutionneront la physique moderne ne connut pas une reconnaissance immédiate.
Le cinéma permis également de corriger l’injustice de l’histoire quant à la place des femmes. On doit à Alejandro Amenábar d’avoir réhabilité Hypatia, la mathématicienne et philosophe du 4ème siècle dans le beau Agora : elle s’opposa à l’obscurantisme et défendît la fameuse bibliothèque d'Alexandrie.
Sorti récemment, Radioactive illustre la place de Marie Curie, née Skłodowska. C’est le 5ème film sur elle en 30 ans. Il n’y en avait eu aucun auparavant !
La science appliquée offre un terrain de jeu plus cinématographique. The current war raconte la guerre industrielle entre le promoteur du courant continu, T. Edison, et le défenseur du courant alternatif, G. Westinghouse. Lorsque Christopher Nolan filme Oppenheimer, c’est pour interroger l’histoire à travers le principe de réaction en chaîne dans la course à l’armement. Dans le cas d’Alan Turing, Imitation Game pose la question du héros qui sauve une nation qui le condamnera pour son homosexualité.
Et derrière toutes ces figures iconiques, il y a de nombreux hommes et femmes méconnus qui permettent aussi à la science d’avancer. C’est à eux que rend hommage Les figures de l’ombre à travers l’histoire de scientifiques afro-américaines (K. Johnson et D. Vaughan) qui ont dépassé les préjugés raciaux pour contribuer à la conquête spatiale.
La science est une chaîne de connaissance. Pas un film, mais une série.
Flux RSS