Le cinéma souffrit de la concurrence de la télévision entre les années 50 et les années 70 avec une fréquentation en chute de 450 à 170 millions de spectateurs.
Il fallut attendre le retour du grand spectacle avec des salles modernisées et des films à gros budget pour faire revenir les spectateurs depuis les années 90 avec un nouveau pic juste avant la pandémie. Mais les salles parisiennes n’en ont que partiellement profité.
La conjonction d’une fréquentation mal remise des confinements et d’un prix de l’immobilier élevé propice aux arbitrages économiques, de nouvelles salles fermées avec la disparition ce mois-ci de deux cinémas emblématiques :
- le Bretagne, créé en 1961 et dont le nom provient de la région desservie par la Gare Montparnasse, a fermé le 14 novembre dernier;
- le Gaumont Marignan (ex Pathé Champs-Élysées), l’une des salles les plus luxueuses et belles salles art-déco de Paris à sa création en 1933 avant d’être restructuré en 6 plus petites, fermera dimanche prochain.
Ces disparitions succèdent à celles d’autres grands cinémas parisiens comme le Ritz à Pigalle, l’Imperial sur les Grands Boulevards ou encore le fameux Kinopanorama du 15ème arrondissement. C’est le quartier des Champs Élysées qui a payé le plus fort tribut avec la disparition de l’Ermitage, Colisée, Napoléon (spécialisé dans les films Disney), Marboeuf, Biarritz, Ambassade et George V.
Signe d’espoir, reviennent bientôt réhabilités la Pagode (janvier 2024), la Géode (mai 2024) et le Pathé Palace Opéra (juin 2024).
Au global, Paris compte encore 72 cinémas pour 65.000 sièges devant 380 écrans (516 en 1981). Cela en fait le parc urbain le plus important d’Europe même si Paris ne représente plus que 18% de la fréquentation française (contre 25% au début des années 80).
Ce tassement de Paris est lié à l’essor des multiplexes à la périphérie des villes, des installations cinématographiques plus adaptées : grand choix, parking, salles confortables, loisirs connexes... Concept apparu à Toulon il y a 30 ans, il représente 11% des établissements mais 60% des entrées. Gràce à eux (et un cinéma national qui se porte bien), les français sont les européens qui vont le plus en salle.
La France reste donc bien le pays du cinéma.