Le cinéma est, lui, un métier de prototype où le studio prend un risque à chaque nouveau film : il faut donc une taille critique pour assurer un risque statistique d’échecs et de succès. Comment quelques succès remboursent de nombreux échecs ? Comme le cinéma est une activité de charges fixes, pour le producteur, une fois le film amorti, son chiffre d’affaires devient du bénéfice. À l’inverse, les échecs sont rarement très coûteux, car pour être lancé, un film est souvent préfinancé à l’exclusion de la part producteur qui s’approche en théorie de 15%. Le film de cinéma a longtemps bénéficié d’une exploitation complémentaire rentable avec la vidéo, mais désormais ce marché s’atrophie (division par quatre en 10 ans en Europe). L’amortissement d’un film de cinéma s’en trouve complexifié.
Les profils de risque de ces deux activités sont donc très différents. De fait, le financement d’une plateforme de streaming ayant atteint une taille critique est plus facile à amortir qu’un studio de cinéma. C’est pourquoi le cinéma mondial a tant de mal à subsister à l’exception notamment des États-Unis (amortissement des productions sur le marché international), l’Inde/la Chine (marché domestique sans concurrence international pour raison culturelle ou réglementaire) et la France (système subventionné via une taxe sur les billets et une obligation d’investissement des chaînes de télévision). Pour financer sa trésorerie, le cinéma se finance via l’escompte court terme de contrats d’exploitation (télévision, à valoir export) alors que le streaming peut recourir plus facilement à du financement moyen terme (M&A jusqu’à la rentabilité, puis du financement bancaire).Cliquez ici pour modifier un élément..